mercredi 26 juin 2024

Qui de l’un…

« Mais comment le geste nous aiderait-il donc a concevoir une réalité qui au départ est inconcevable du fait de sa nature abstraite?
À titre d'exemple, considérons la mort. Un membre de la tribu vient de mourir. La mort en général ne correspond à aucun objet, à aucun geste. C'est une réalité abstraite, impossible à saisir. Le cadavre, lui, est concret. Il se désigne sans mal - du doigt, ou du nom du défunt. Mais comment parler, en ces premiers temps, de la mort en général? Ce ne peut être qu'en trouvant d'abord des mots pour désigner les gestes que l'on exécute rituellement au moment de disposer du corps et en élaborant par la suite un récit qui s'appuierait sur ces gestes et se rapporterait tant aux émotions qu'éprouvent les vivants qu'aux expériences que ce corps est censé connaître dans l'espace qui est désormais le sien.»

Michael, Francis Gibson, Ces lois inconnues, Métailié, p.88



Auguste, pour un temps, était heureux. Il a une nouvelle relation. Un monde nouveau s’ouvrait à lui qu’il n’avait jamais soupçonné. Très vite, sans l’ombre d’un doute, au delà du réel, une agréable complicité réjouit les deux comparses… à tel point qu’il serait difficile de savoir qui de l’un ou de l’autre le représente. Bien avant que les mots se mettent à raisonner, dans l’irréel espace entièrement leur, les gestes se font et se défont sans la moindre gêne et, pour l’instant, sans que le moindre mot ne tente de les distraire.
Auguste, se frayant un chemin dans les nuages sous les doctes étoiles, sans s’étonner de ce nouveau savoir et sans avoir à réfléchir, meurt à lui-même, si l’on peut dire ainsi…

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