« Après les premières nuits blanches, j'ai sombré dans le sommeil pesant de la faim. C'est la foudre qui a dû enfoncer la porte. De brusque rafale de vent s'emparent de mon fauteuil à bascule par derrière, me faisant osciller, à demi bercé, à demi ballotté. Je ne fais pas le poids contre l'inertie, mon corps vidé n'offre pas de résistance. J'ai cessé de manger, j'ai décidé de le faire tant qu'il m'était possible d'allumer un feu, sans attendre la fin du bois. J'ai préféré être pris par le sommeil de la faim que par celui de l'hiver. Les jours, les nuits m'ont décharné, me rendant léger.
Erri de Lucca, Acide, arc-en-ciel, Rivages poches
Cinq-cents-sixième rapport de Don Carotte
Extrait du petit cahier Vert
Il existe pour la plupart d’entre nous une sorte de période bénie pendant laquelle la vie semble suivre son cours naturellement.
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