Cinq-cents-douzième rapport de Don Carotte
Extrait du petit cahier Vert
Selon la légende familiale, si je puis parler de légende, établie comme il se doit longtemps après les faits eux-mêmes, mon grand-père serait parti, comme tant d'autres avant, pendant et après lui, à pieds nus du domicile familial sans rien sur lui autre qu'un manteau violet doublé d'un théâtral rose pétant, d'un t-shirt rayé troué en de nombreux endroits, d'un chapeau violet lui aussi et d'un pantalon vert de gris qu'il faisait tenir d'une cordelette usée. Tout cela bien trop grand pour lui... Le seul objet qu'il aurait emporté, caché dans la doublure de son manteau, aurait été une petite statuette dont il ne comprenait pas le sens ni la forme mais qui le fascinait et qu'il aurait trouvé dans une carrière de pierres non loin d'un terrain vague où chaque année se produisait le cirque dans lequel il était né. Son geste, celui de partir, serait apparu comme un coup de sang s'il eut eu quelque importance pour quiconque dans la communauté disparate à laquelle il appartenait. On sait seulement qu'il était monté sur bateau en partance pour le Nouveau-Monde... On sait seulement que pendant la traversée il se passa plusieurs événement obscurs dont les annales officielles ne font point mémoire mais que le Capitaine avait consigné dans ses carnets personnels. Carnets qui me sont curieusement parvenus... mais qui, pour moi, sont quasiment illisibles, tant du point de vue de la forme comme du fond... mais dont l'accès est, d'une certaine façon, possible par l'intermédiaire des dessins. Encore faut-il que pour cela, je fasse l'effort... enfin je devrais dire dire les efforts, à première vue contradictoires... de les interpréter et de ... ne pas les interpréter... en les laissant agir par eux-mêmes sur moi-même...
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