dimanche 17 septembre 2023

Comme un enfant


Il est difficile, en tant qu’adulte, d'imaginer un monde dans lequel l'enfance aurait sa place. Non pas une place à part, mais une vraie place. Ni roi, ni sujet et surtout pas objet... Nombreux sont ceux qui pensent que l'enfant n'est pas un être responsable et que les visions du monde qu'il peut avoir ne sont point réalistes. Ils peuvent, selon les points de vue, avoir profondément raison. Mais ne serait-ce point dans son incomplétude et dans sa soif de connaître que l'enfant serait une sorte de modèle. Aussi les adultes, censés être complets, feraient peut-être bien de se souvenir que leurs propres visons du monde sont, de fait, tout autant irresponsables… que celles d’un enfant. Tout ce à quoi ils croient ressemble à s'y méprendre au monde d'un enfant mal élevé. Je ne parle pas uniquement ici de la gérance des affaires du monde mais de l'étonnante incapacité de découverte, d'émerveillement et d'adaptation...



L'enfant ne recherche nulle figure discernable dans les replis foireux d'une mémoire ancestrale, il se contente de ressentir face à ce qui est. Son esprit est entièrement consacré à ce présent dont il n'attend rien d'autre que ce qu'il sera et qu'il est déjà: 
"un lieu purifié, rendu à ses radiations énergétiques primitives [...] rayonnant au dehors et enveloppant en lui-même son secret."*


Platon l'Ancien, enfin redevenu jeune "comme un enfant", dira:

– Que ceux qui ont voyagé à travers le monde, invitant ceux qui voient et lisent se rende comptes de leur propre cheminement et combien ceux-ci sont redevables à des réminiscences de tous ce qui s'est entassé dans leur mémoire. "Après tout" il se peut que l'intranquille rougeoiement du feu de l'esprit puisse faire disparaitre la pâleur mortelle de l'ennui ou du conformisme. Trouver nos propres pensées et sentiments pourraient être la base de notre éducation. Faire l'effort d'une présence. Naviguer et lutter tranquillement pour suivre, même de très loin, un écrivain parfaitement inconnu qui pourrait penser un temps infini et dont les paroles provoquent des images qui, comme les nuages ​​se déplacent et se transforment au gré du vent, à leurs tours transforment celui qui les approche.

Platon l'Ancien est bien loin d'être hors du monde et les sombres colonnes de fumée qui barrent le ciel à l'horizon ne l'inquiète pas plus que le vol d'un papillon rêvant d'être l’origine d'un typhon.

– Je me doute bien de ce que cette sorte de discours peut faire surgir. Je n'ai plus l'âge d'y répondre longuement ni de me battre pour ces futilités... Il suffit de constater où nous a toujours mené ce qu'ils appellent la Politique, le Devoir et l'Obéissance...
Loin de moi l'idée que l'enfance soit un but en soi... L'idée que j'en ai n’en diverge pas moins de façon notable dans bien des cas de celles que j'ai pu observer chez tous ceux qui exercent un pouvoir sur cette enfance...




* La démesure, Michel Haar, Revue Épokhè no 5

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