Investi

 

 


"Vous m'avez investi du pouvoir qui maintenant est le mien, je ferai votre bien en faisant le mien... Ingrat, instable, bancal et ombrageux sera celui qui osera avancer la moindre des critiques. Au sens propre, l’enfant a littéralement disparu. Sa voix et surtout son discours se transforme. Le malentendu est de rigueur…Le voilà devenu «comme» un grand… De sa bouche les mots s’échappent et son esprit s’échauffe. Son  discours enflamme de taille et d'estoc. Par la grâce du miroir déformant l’enfant croyant être devenu grand, par surplus, corrige et condamne celui qui prend la parole sans avoir auparavant levé la main et attendu qu’il la lui accorde. Anticipant toute question il déclare, maladroitement, comme “étant ou état nécessiteux”, tout pouvoir,  quel qu'il soit… ce que personne ne comprend… Sûr de sa force, il se "gausse et laisse leurs langues, et la sienne, persiffler". Des mots qu’il ne maîtrise qu’imparfaitement…

 

En définitive, peut-être aura-t'il raison et obtiendra-t’il gain de cause. Qui peut savoir?

Un certain temps s’écoule…

Depuis longtemps l'enfance est passée… Le mensonge s’enracine et si l’on s’en réfère à l’histoire telle qu’il l’a raconte dans ses mémoires, il ne faudra pas attendre longtemps pour qu’intérieurement, sans autre raison qu'une simple évolution, la maladie du pouvoir, insidieuse et subtile aie raison de lui. Sur le dehors, pour ce qui est de l’apparence, sous le poids des médailles et des cordons, sa veste, usée naturellement, saura théâtralement montrer sa clinquante doublure. Il lui faudra beaucoup de patience…autant qu'il eut d'ambition, pour découvrir et supporter sa déchéance... d'autant plus que l'oubli, les boursouflures du pouvoir, l'absence d'analyse, le manque de conscience, le passage du temps, la cicatrisation, la croyance et l'espoir forment un ensemble qui s'assemble si bien à la maladie et permettre de d'annoncer avec emphase, honneur, cœur et réaction:

 «Il faut tout changer pour que rien ne change»*...

  

 

* Giuseppe Tomasi di Lampedusa , Le Guépard