lundi 20 mai 2024

L’envie


« Le corps d'un vivant est ce qui donne à la vie d'un animal sa physionomie si particulière, sa singularité. Le corps d'un vivant, ce sont des puissances corporelles. Un corps, c'est ce qu'un corps peut faire, aime faire, sait faire, désire faire. "C'est le grand prodigue en ouverture de possibilités d'existence'", écrit Baptiste Morizot. Autrement dit, le corps d'un vivant importe, il importe de manière cruciale, car un corps est une manière d'être vivant. La description anatomique de la primevère, à laquelle se livre par exemple Arabella Buckley, n'est ainsi pas seulement un passage obligé ou une entreprise de probité et de précision scientifique, mais une condition sine qua non pour saisir ce que peut être la vie de cette plante: son corps est ce qui fait sa vie. Je peux ici décaler les propos de Baptiste Morizot au sujet des animaux à ces autres vivants que sont les plantes: "En toute rigueur, un animal ne voit pas, ne configure pas le monde depuis son esprit, mais depuis son corps: c'est son corps avec ses puissances de sentir et de faire propres qui fonde sa perspective sur le monde [...].»

Estelle Zhong Mengual, Apprendre à voir, Actés sud, p.114-115
 
 

– L’angoisse, dans l’urgence, a changé de camp. La folie et la mort pour un instant se chargent, par le biais du frisson et du rire, de ressusciter l’envie, la vie comme enjeu… L’être dans l’ombre, sorti de son état de chose, seul au milieu de tous, face à ce qui est mis en lumière, en secret se dresse, ouvre les yeux et ressent isolément ce que tous ensemble ressentent.


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