jeudi 22 juin 2017

Écrire et apprendre

"On peut assurément écrire sans se demander pourquoi l'on écrit.Un écrivain, qui regarde sa plume tracer des lettres, a-t'il le même droit de la suspendre pour lui dire: Arrête-toi! Que sais-tu sur toi-même? en vue de quoi avances-tu? Pourquoi ne vois-tu pas que ton encre ne laisse pas de traces, que tu vas librement de l'avant, mais dans le vide, que si tu ne rencontres pas d'obstacle, c'est que que tu n'as jamais quitté ton point de départ? Et pourtant tu écris: tu écris sans relâche, me découvrant ce que je te dicte et me révélant ce que je sais; les autres, en lisant, t'enrichissent de ce qu'ils te prennent et  te donnent ce que tu leur apprends. Maintenant, ce que tu n'as pas fait, tu l'as fait; ce que tu n'as pas écrit est écrit: tu es condamné à l’ineffaçable."*



Platon se demande d'où vient cet étrange appendice qu'il ressent au bout de ses doigts.

– Quand nous combinons à loisir dans toute la masse de connaissances que nous prétendons être nôtre, c'est que nous arrivons à la fin d'un processus qui n'a, de fait, probablement jamais commencé...

Les professeurs les plus simples, ceux qui arrivent à dire les choses les plus difficiles sans les compliquer inutilement sont ceux qui ont travaillé le plus. Ainsi Platon l'Ancien, dès son plus jeune âge, sans que cela ne puisse se savoir, explore avec passion le monde des sens qu'il considère comme une totalité qui se perd dès lors que des limites lui seraient imposées...






* De Kafka à Kafka, Maurice Blanchot

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