vendredi 23 juin 2017

Avec sympathie

S'il est d'usage de tenir compte des situations politiques dans lesquelles ils écrivent, la plupart des écrivains ne se sentent point uniquement prisonniers de celles-ci.  Mais il est un domaine où il est encore plus difficile de se dissocier de son écriture, ou des résultats de celle-ci, c'est celui des personnages et notamment du personnage principal, s'il en est. En fonction des qualités diverses de chacun, il y aura toujours plus ou moins de différences entre l'auteur et et son personnage. Mais d'un autre côté il est presque impossible qu'il ne puisse rien avoir de lui-même dans les qualités, les comportements ou simplement dans la vie de ses personnages.
Platon l'enfant, plus tard devenu Platon l'Ancien, dira:

– Sentir avec ses personnages, c'est se sentir avec...

Et il rajoutera, en pensant à Bergson: "avec sympathie"... ce qui lui posera de nombreux problèmes puisque le mot sympathie sera immédiatement pris dans l'étau étroit de la morale. Ce qui, vous l'aurez compris, n'était pas pas son cas.
"Sentir avec ses personnages, c'est se sentir avec..." pourrait être la formule de l'écrivain... pour autant qu'elle soit nécessaire.

 
S'adressant à ses élèves, beaucoup plus tard*, il dira: 

 – Imaginez, imaginons, dans une sorte d'analogie,  quelque chose qui se produit "au dehors" retentit en moi de la même façon qu'elle se produit "au dehors". Alors nous comprendrons combien c'est l'action qui crée le phénomène et combien il nous est difficile de cerner cette action et non le phénomène qu'elle induit...


* toujours influencé par Bergson

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