jeudi 1 juin 2017

Une affaire de confiance


"– Pourquoi donc inventer? Pourquoi ne pas simplement leur donner ce qu'ils demandent?"

 Sur les ponts instables de Gabar, Platon l'Ancien, encore enfant, s'avance prudemment. Le bandeau qu'il a devant les yeux et sur la bouche l'empêche certes de voir et de parler, mais pas de penser.  Or, on l'a déjà vu c'est de cette pensée que lui vient le minimum de stabilité et l'empêche de tomber.



Platon le Petit et Damon, eux aussi sont face au cube. Ils ne savent comment s'y prendre. Soit la belle ordonnance de l'image ne joue pas en leur faveur, soit ils ont choisis la mauvaises image ou le mauvais timing. Il leur faut donc faire preuve d'une grande souplesse pour ne pas tomber à l'eau. Mais cela ne les empêchent pas de se retrouver fort éloignés de l'objet de leur désir.


– L'image est trompeuse et la belle ordonnance architecturale ne repose sur rien d'autre que la pensée de celui qui marche... ou regarde... On croit que dans l'image le temps se fige. Il n'en est rien. 
 – Tout est en mouvement depuis toujours et pour longtemps., mais croyez-moi cher Platon le Petit, tout est affaire de confiance...
– Et alors?
– Alors vous devriez me faire confiance.
– Et...
– ... et suivre mon intuition... Vous le savez bien je ne suis qu'un pur esprit dont la forme dépend de ce que vous avez en tête.
– C'est cela. Je vois que vous progressez.
– Alors il est temps pour vous de progresser aussi.
– Comment cela?
– Je ne suis qu'un pur esprit, comme vous dites, mais n'en était-il point de même pour Platon l'Ancien, votre maître?
– Comment cela? Douteriez-vous de laprésence physique de mon maître?
– Point du tout, je faisais allusion à l'effort qu'il devait faire pour rendre utile et concret le pont imaginaire que son père lui proposait comme vous me le racontiez tout-à-l'heure.
– Si vous pensez donc qu'il suffit de penser au pont pour qu'il devienne réel... alors j'aurai quelque raison de penser que votre esprit se rapproche de la folie...

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