mardi 2 avril 2019

(2) On ne peut dire quoi


" Tu pourras toujours te présenter ici librement. Je n'ai jamais haï tes pareils. Entre les esprits qui nient, l'esprit de ruse et de malice me déplait le moins de tous.  L'activité des hommes se relâche trop souvent; il est enclin à la paresse, et j'aime à lui voir un compagnon actif, inquiet, et qui peut même créer au besoin, comme le diable. Mais vous, les vrais enfants du ciel, vous nagez; que la puissance qui vit et opère éternellement vous retienne dans les douces barrières de l'amour, et sachez affermir dans vos pensées durables les tableaux vagues et changeants de la Création."

J. W. Goethe, Faust


– Je puis me tromper, mais quelque chose, je ne puis dire quoi, dans votre voix m’a paru hostile.
– Je ne vois pas...
– Il se pourrait que ce ne soit que la surprise due au fait que je ne m’attendais pas à ce que vous me disiez.
– Je ne m'en souviens même pas.
– Je sais que vous ne voulez pas l'admettre... mais il se pourrait aussi que j’aie raison... peut-être pas de vous le dire mais de l’avoir ressenti. Peut-être aussi était-ce dû en partie à cet accord discordant émanant du piano de l’hôtel qu’un passant distrait avait caressé maladroitement et avec désinvolture. Juste par curiosité peut-être... Ce geste avait empli et modifié l’atmosphère ainsi que tous ce et ceux qui s’y trouvaient, tout autant que mon esprit et peut-être le vôtre. Par une sorte d’effet miroir, à moins que ce ne soit une sorte de représentation, vous avez, je le vois bien, ressenti dans le ton de ma voix une sorte d’ironie ou pour le moins une forme, une sorte d’écart en tous points pareil à celui que je vous prêtais mais auquel, me semble-t-il, vous prêtez une toute autre signification... Vous voyez combien nous pouvons être proche...
– Je ne vois rien du tout... d'autant que ce que je dis, me semble-t'il, ressemble plus à notre maître qu'à moi-même...

Aucun commentaire: