lundi 5 février 2024

Court-vircuit


« Si un coq saluait le soleil depuis le Péloponnèse, de montagne en montagne son cri strident, éveillant d'autres bêtes à plumes, pourrait parcourir des distances inimaginables, enregistrant sur le plan acoustique toutes les ondulations du terrain. Patrick Leigh Fermor, un des plus grands écrivains voyageurs du xxe siècle, le démontre dans un mémorable essai de géographie visionnaire. Le chant se propagerait dans toutes les directions, survolant archipels et montagnes, bras de mer et vallées, jusqu'aux portes des océans. Une des lignes directrices de cette répercussion sonore serait très certainement les Alpes et les Apennins, ce «S» majuscule qui indique, sans aucune solution de continuité, le cœur du monde euro-méditerranéen. Le cocorico des coqs grecs serait répété par leurs frères le long de la dorsale chahutée des Alpes dinariques, à pic sur l'Albanie, le Monténégro et la Dalmatie, puis par ceux des Alpes orientales, sur la ligne de partage des eaux du Bassin danubien, pour atteindre ensuite les basses-cours de Nice et poursuivre son chemin, au prix d'une spectaculaire pirouette, vers les villages en amont de Gênes, avant de descendre, à cheval entre deux mers, jusqu'au seuil de la Sicile, toute rougeoyante de volcans.»

Paolo Rumiz, La légende des montagnes qui naviguent, Athaud





Je dois à la vérité de dire comment, par habitude et court-circuit de la pensée... il se fit que j'en vins à confondre certaines choses. Comme un enfant sur la plage il arrive que certaines formes suggèrent fortement une présence qui, en réalité, n'en est que le souvenir.. et encore... un souvenir qui n'est point le nôtre... Ainsi, il m'arrivait de voir des pyramides dans le sable du désert alors même que je ne suis jamais allé en Égypte. Le simple fait de voir du sable, celui de la plage, avait suffi à me transporter... et la forme, bien qu'imprécise, en collaboration avec l'imagination, avait fait le reste...


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