samedi 24 février 2024

Mine

 
« La noblesse d'une langue dépend-elle précisément du nombre des syllabes et de l'enflure des paroles? Est-on de plus belle taille pour être monté sur des échasses? A-t-on meilleure mine quand on a le visage bouffi?»
 

 
Pinocchio, l'Autre, danse au-dessus des flammes de son théâtre. Il aime cette douce chaleur et en ignore la dangerosité... tout comme il aime parler, disant la moindre des choses lui passant par la tête, en ignorant combien, selon les circonstances, il peut être dangereux de le faire... En tous cas il ignore combien il peut être manipulé... et peut-être ignore-t'il complètement ce qu'il est, au-delà de ce qu'il répète, comme ses amis les perroquets... Il lui arrive de converser avec eux, même en leur absence...
– Croyez-vous que nos lecteurs soient naïfs?
– Nous n'avons pas vraiment de lecteurs...
– Alors... croyez-vous que les lecteurs de notre maître soient naïfs?
– Vous le seriez vous-même si vous croyez cela…
– En ce qui me concerne il n’y a pas de mal à le dire… tant je trouve difficile de comprendre l’entier de ce qu’il me dit… Tout juste puis-je répéter mot-à-mot ce qu’il me dit… et encore… Il m’arrive de me tromper ou d’être trompé par ma mémoire!
– Cette constatation ne doit pas occulter que malgré la difficulté à saisir son œuvre, il n’y a rien de naïf au delà des apparences à condition, en premier lieu, de fournir à son écoute ou à sa lecture, une certaine qualification…*



* Ce dialogue est une variation de: Raymond Abellio, L’Herne, avant-propos de Jean-Pierre Lombard

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