mercredi 21 février 2024

Ni de loin...


« Pour les philosophes de la Renaissance, la vérité de la folie ne faisait qu'une avec celle de la raison. Devons-nous de nouveau définir l'imagination en fonction de la raison, de l'ordre, de l'unité, ou chercher une vérité qui n'appartienne qu'à elle ? Le XVIIème siècle reste encore prisonnier de cette démarche définitionnelle, même si Spinoza ou Malebranche consacrent à l'imagination des parties entières de leurs ouvrages. On étudie l'imagination, mais on l'encercle pour mieux l'éloigner du reste des facultés. On la définit pour mieux s'insurger contre elle, la juger inadéquate, dangereuse, l'associer à la superstition et comparer sa dynamique à un pouvoir de contagion.»

Cynthia Fleury, Métaphysique de l’imagination, folio essai,, page 47






 
– Êtes-vous philosophe?
– Vous me demandez donc, Monsieur, quel rapport je pourrais avoir avec la philosophie… Laissez moi réfléchir… Il y a parmi les gens de ce monde quelque intervalle que le genre de leurs facultés ne comble point… Ainsi je vous répondrai sans vouloir vous froisser: Ni de loin… ni de près?
– De près… je comprends votre réticence… mais de loin?
– D’abord, si je puis me permettre, votre question est mal posée…
– Je vous serais fort reconnaissant de bien vouloir m’en donner la raison et comment la reposer…
– Vous avez, dans votre question, posé d’emblée une ambiguïté…
– Laquelle?
– Quand vous parliez de philosophe, parliez-vous du fait d’être un philosophe, un être qualifié par ses pairs ou des diplômes, ou du fait d’avoir, entre autres, de l’intérêt pour la philosophie…
– Peut-être un peu des deux… je ne réfléchissais pas si loin… et si puis me permettre… il me semble… que votre réponse montre clairement ce qu’elle ne dit pas…
– Il est, je vous le concède, un point sur lequel nous pourrions avoir une sorte d’accord … Nous pourrions, vous et moi, nous mettre d’accord sur le terme d’ «observateur »…
– Nous voilà d’accord! Observateurs des esprits, du cœur et de soi-même…
– Ou alors « Curieux de nature »…
– Cette fois… c’est vous qui donnez à l’ambiguïté l’occasion de prendre place…


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