mardi 13 février 2024

Explorateur


« Ce que le travail anthropologique veut dire.
En quoi consiste le travail de l'anthropologue ? Comment peut-on le représenter? L'anthropologue «possède» en tout premier lieu un terrain qu'il s'est choisi pour des raisons aussi bien scientifiques que personnelles, où il va séjourner un certain nombre de mois ou d'années. Sur le terrain, il fait l'apprentissage d'une culture, d'un mode de pensée, il interagit avec des femmes et des hommes, fait des découvertes, expérimente des erreurs, recueille des données, élabore des premières synthèses, formule des hypothèses. Au terme de son travail sur le terrain, il revient chez lui avec divers « objets » prêts à être pensés et traités au moyen de concepts, de mots techniques et de modèles théoriques dans le cadre d'un texte monographique. Bref, au temps du terrain succède le temps de l'écriture, la finalité du travail de l'anthropologue étant en effet de fournir un texte élaboré à travers lequel il communique à un lecteur potentiel, généralement un collègue (mais pas seulement), son expérience de l'expérience des membres de la société dans laquelle il a vécu. Voilà comment peut être schématisée l'activité de l'anthropologue.» 

Mondher Kilani
Du terrain au texte
Sur l'écriture de l'anthropologie
 
 


– Ne dirait-on pas que nous sommes sur une scène de théâtre?
– Si l'on en croit les cahiers d'Ulysse, il savait que quelque chose n'allait sur cet Archipel... Écoutez ce qu'il écrivait...
– Non...non...il y a mieux à faire... Vous qui vouliez savoir ce que faisait Ulysse dans l'Archipel, demandez le lui! Il est là
– Dites-nous Ulysse, puisque tel est votre nom, comment vous êtes arrivé sur ces îles, ce que vous y fîtes et comment s'est passé votre retour?
– J'ai su très vite, presque dès mon arrivée sur l’Archipel que quelque chose n’allait pas… J'avais un peu l'impression d'être un explorateur... mais je n'en avais nullement les rudiments. Tout me paraissait étrange… ce qui précisément n’eut pas dû m’étonner puisque j’arrivais sur un territoire qui m’était inconnu. Aussi inconnu que les moyens matériels qui me transportèrent jusque là-bas. De plus la mission que l’on m’avait confié manquait de précision. Il me fallait observer avec précision la forme, la couleur et la lumière des nuages de même que l’influence qu’elles pourraient avoir sur une mystérieuse maladie dont je ne connaissais rien, si ce n’est le nom provisoire d’aniome stellaire, Rosaluce ou je ne sais plus quelle autre appellation, maladie à propos de laquelle on m’avait promis de m’envoyer des renseignements. Renseignements que je n’ai jamais reçu et dont aujourd’hui je doute qu’ils puissent exister. Pourquoi avais-je été choisi pour cette mission? Je n’en sais rien. Peut-être avait-on supposé en Haut lieu que j’étais porteur d’une hypothétique et mystérieuse maladie dont ils semblaient redouter les effets. Sur cet Archipel il n’y avait presque rien. Mis à part des rochers de toutes formes, structures et couleurs, presque rien n’y poussait. La végétation se limitait à de très maigres plantes et surtout à une infinité de mousses aux couleurs diverses bataillant avec celles des roches qu’elles envahissaient…


 
 
 
 
 

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