mardi 27 février 2024

Nuages

 

« Tout ce qu'on voit encore se développer dans les airs et naître au-dessus de nous, tout ce qui se forme dans les nuages, tout enfin, neige, vents, grêle, gelées, et le gel si puissant qui durcit le cours des eaux et ralentit ou arrête çà et là la marche des fleuves, tout cela peut aisément s'expliquer, ton esprit n'éprouvera aucune peine à en comprendre les causes et à en pénétrer le secret, du moment que tu connais bien les propriétés des atomes.»

Lucrèce 

 

 

Cent-trente-sixième rapport rédigé dans le petit cahier bleu dans lequel Ulysse montre combien il est fasciné par le jeu de lumières sur l'Archipel. Mais, de manière non volontaire, il donne quelques signes qui montrent comment, légèrement, lentement, il perd pied et que peu à peu certains souvenirs reprennent corps à son insu...
 
– Les nuages, ces éthérés émissaires du ciel, déployaient leur ballet infini dans la vaste toile azurée qui recouvrait l'horizon. Leur danse, une chorégraphie céleste ininterrompue, façonnait le panorama céleste avec une majesté enchanteresse.
Au lever du jour, de timides nuages matinaux émergeaient à l'horizon, peignant le ciel de teintes pastel. Ils s'étiraient doucement, comme des voiles se déployant lentement, éveillant le monde à la lueur naissante du soleil. Des nuances délicates de rose et d'orange s'étiraient à travers leur texture cotonneuse, créant une palette éphémère qui évoquait l'aube d'une journée nouvelle.
Au fil des heures, les nuages prenaient de l'ampleur, s'agglomérant en formations majestueuses qui évoluaient constamment. Des bancs de cirrus, comme des plumes blanches légères, tricotaient des arabesques délicates dans le ciel, tandis que des cumulus, semblables à des montagnes de coton, se formaient en amas imposants, jouant avec la lumière du soleil qui filtrait à travers leurs contours.
L'après-midi apportait une transformation, les nuages prenant une teinte plus intense, reflétant les nuances chaudes du crépuscule imminent. Des stratocumulus se déployaient en une mer ondulante, projetant des ombres douces sur la terre. Les nuées élevées de lenticulaires, sculptées par les vents d'altitude, planaient comme des vaisseaux cosmiques, créant des jeux de lumière et d'ombre sur le paysage.
Souvent, le coucher du soleil était la pièce maîtresse de ce spectacle aérien. Les nuages prenaient alors des teintes embrasées, se parant d'or, de rose et de pourpre, comme des joyaux suspendus dans la voûte céleste. Leurs contours se profilaient avec une netteté particulière contre le ciel enflammé, créant une toile vivante et éphémère qui captivait les regards.
Enfin, à la tombée de la nuit, les nuages devenaient les toiles sur lesquelles les étoiles traçaient leur chemin lumineux. Des cirrostratus, semblables à des voiles diaphanes, encadraient la lueur argentée de la lune, ajoutant une note de mystère à l'obscurité grandissante.
Ainsi, le ballet incessant des nuages était une symphonie en perpétuel mouvement, tissant des histoires changeantes dans le ciel infini.
 
 

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