jeudi 1 février 2024

Rétractation

 

“Aucune des versions n'est le « texte », parce que celui-ci se présente comme un processus temporel potentiellement infini - aussi bien vers le passé, dont il inclut toutes les ébauches, versions et fragments, que vers le futur - dont l'interruption à un certain moment de son histoire, pour des raisons biographiques ou par décision de l'auteur, est purement contingente. Dans Un portrait par Giacometti, James Lord rappelle plusieurs fois que Giacometti ne se lassait jamais de répéter, comme Cézanne avant lui, qu'on ne finit jamais un tableau, mais que simple-ment, on l'abandonne!.
La césure, qui met un terme à l'accomplissement de l'œuvre, ne lui accorde pas un statut privilégié d'achèvement : elle signifie simplement que l'œuvre est dite finie quand, à travers l'interruption ou l'abandon, elle se constitue comme le fragment d'un processus créatif potentiellement infini, par rapport auquel l'œuvre qu'on dit achevée ne se distingue qu'accidentellement de l'œuvre inachevée.
Si cela est vrai, si chaque œuvre est essentiellement fragment, il devient licite de parler non seulement d'un « avant », mais encore d'un « après» le livre, tout aussi problématique mais encore moins étudié que celui-là.
En 427, trois ans avant sa mort, Augustin, qui a déjà derrière lui une œuvre imposante, écrit les Retractationes. Le terme « rétractation» - même quand il n'est pas utilisé dans le sens juridique de retirer ou de déclarer non vrai le témoignage déposé pendant un procès - n'a pris que récemment son sens péjoratif de démentir ou de renier ce qui a été dit ou écrit. Augustin l'utilise seulement au sens de « traiter de nouveau ».“

 Giorgio Agamben, Le feu et le récit, Rivages poche, page 138-139
 

 
– Je me nomme Ulysse... Je sais c'est un peu curieux... Prenez soin de bien m'écouter parce que même si je choisis mes mots sur le volet, il m'arrive de me répéter. C'est un acte volontaire... Je vous ai dit comment je m'appelais... cela eut dû régler la question du "qui"... Le "où" pourrait être très facilement décrit comme les murs d'une prison... encore faudrait-il y réfléchir plus d'une fois... car il y a une nette différence entre se retrouver enfermé dans un lieu clos et se retrouver enfermé dans ce que nous nous croyons être "nos" pensées... Le "quoi" est facile, j'avais conçu tout un processus pour y échapper. C'est ainsi que je me suis retrouver ici sur cet Archipel... mais, de fait, celui qui y réfléchirait saurait très vite qu'il n'en est point ainsi... Enfin... cela pourrait et ce n'est point tout-à-fait le cas...
 
Tells furent les premiers mots qui me vinrent à 'esprit et qui, par mon intermédiaire parvinrent aux oreilles de ceux qui allaient devenir mes compagnons. Naturellement je savais pertinemment qu'ils ne connaissaient point cette sorte de langage particulier qui consiste à articuler des sons qui eux mêmes sans les imiter remplace des objets, des êtres et des situations sans pour autant qu'ils soient présent... si ce n'est par leur évocation... 
 

 

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