“In certain parts of the forest, where the trees grow older and the ground sinks into hollow dells, the scenery acquires a character truly awful. The massive trunks, shattered and blackened by the storms of centuries, stand as monuments of decay amidst the living wood. Their vast limbs, stripped of foliage, stretch out like the arms of some gigantic phantom. The air hangs heavy, and the mind, oppressed by solitude, begins to imagine forms amid the shadows. There is a solemnity here, a grandeur not cheerful but oppressive, which fills the soul with a reverence akin to fear. Nature, in such scenes, seems to assert her dominion not by beauty, but by power.”
William Gilpin, Remarks on Forest Scenery
« Dans certaines parties de la forêt, où les arbres vieillissent et où le sol s'enfonce en vallons creux, le paysage acquiert un caractère véritablement impressionnant. Les troncs massifs, fracassés et noircis par les tempêtes de siècles passés, se dressent tels des monuments de déclin au milieu du bois vivant. Leurs vastes branches, dépourvues de feuillage, s'étendent comme les bras de quelque fantôme gigantesque. L'air y est lourd, et l'esprit, oppressé par la solitude, en vient à imaginer des formes parmi les ombres. Il règne ici une solennité, une grandeur non point joyeuse mais oppressante, qui emplit l'âme d'un respect proche de la crainte. La nature, en ces lieux, ne revendique pas sa domination par la beauté, mais par la puissance.»
Parfaitement invisible ou, pour le moins, à l’abri des regards, comme hors du temps, quelque part sur une île volcanique on ne peut plus changeante, au centre d’une clairière improbable entièrement occupée par un arbre gigantesque, Don Carotte, quelque peu sceptique et Sang Chaud, légèrement émoustillé, dialoguent à propos d’une énigme qui a pris place dans la tête de ce dernier après qu’il eut, selon lui, rencontré un âne arboricole.
« Qui suis-je si, me réveillant sans cesse, de jour en jours me poursuit l’écho des mots entendus dans mon sommeil: Je suis un infiltré chez un agent double schizophrène que je suis. Qui suis-je si je suis celui qui le dit et qui suis-je si je ne suis que celui qui l’entend? C’est alors que je compris comment en quelques mots peut se former un labyrinthe.»
– Reprenons en commençant par nous demander: que veut dire l’auteur inconnu par: se réveiller sans cesse?
– Évoquerait il l’impossibilité de retrouver un état stable qui ne serait ni complètement éveillé, ni totalement endormi…
– Diriez-vous une image oscillante?
– Oui, une image oscillant entre deux états…
– Entre le le rêve et la réalité?
– C’est cela, ou entre la lucidité et la confusion…
– D’où viendraient ces images?
– Elles seraient comme des échos résonnant dans l’état de veille
– Qui viendraient d’où?
– De ce qui est entendu pendant le sommeil… je suppose… et qui représentent probablement des idées obsédantes…
– Comme un message!
– C’est cela! Un message crypté par l’inconscient et qui insiste…
– Ce qui représenterait aussi une sorte de réveil sans fin…
– Poursuivi par des échos!
– Je parlerai même d’échos insistants:
«Je suis un infiltré chez un agent double schizophrène que je suis. »
– Seriez-vous d’accord pour dire que, concernant ce: «je suis» final, il s’agit là d’un double sens…
– Vous avez raison, une confusion possible entre le verbe être et le verbe suivre!
– Vous me suivez… ou êtes-vous rebuté?
– Rebuté, certes je le suis… mais je vous suis… plus ou moins…
– Je n’espère guère de l’humble aveu de mon ignorance et de mon imperfection, mais, si peu que ce soit, sachez que dans votre ombre, infiniment au-dessous de vous, je progresse… et je ne désespère point y trouver quelque clé!
– Quelle belle sagacité!
— Foin d’éloges suspectes, je vous prie. Donnez-nous prestement quelque lumineuse clé qui nous puisse éclairer… mais tel qu’elle ne ternisse point la gloire de notre découverte!
– Puissiez-vous pardonner mon peu de zèle… mais ce n’est point par hardiesse que nous devons vous faire cogiter… Ce que vous me demandez, pour l’instant je n’en ai pas plus que vous…
– L’énigmatique animal, qui ne s’est point privé point de prendre place sur notre scène, ne vous en a point donné? Qu’attendez-vous pour le mettre à l’œuvre?
– Sire, dois-je prendre cette missive pour un acquiescement… que je prévois fécond…
– Prend garde à ton langage, il est des mots qui figent celui qui les prononce!
Sur ce le silence se fit salutaire… et si le mystère prit de l’ampleur, les langues peu à peu se vont se délier…
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