samedi 22 décembre 2007

Compétence et appétence

..."une forte chute produit des nuages de vapeurs légères,
qui s'agitent, retombent en pluie, arrosant les cimes des forêts ;
elle étourdit de son vacarme bien plus que les alentours.
C'est là que se trouvaient la demeure, le séjour, la sainte retraite
du grand fleuve ; installé là, dans une grotte faite de rochers
il imposait des lois aux eaux et aux nymphes leurs hôtesses." *


Le plus souvent installées face à la mer, au bout de la jettée, Sophia et Rosa me semblaient de plus en plus distantes. Dans les premiers temps de notre retraite nous avions eu les mêmes rapports qu'autrefois, du temps où j'étais un notable apprécié. Il s'était instauré une sorte de connivence qui faisait la part belle à leurs compétences et qui se confondaient joyeusement avec mes vigoureuses appétences naturelles. Il me fallut considérer que ce temps-là s'était terminé juste le jour où nous avions retrouvé Julius. Dès ce jour-là il ne me fut plus possible de les approcher. À peine avais-je fait un pas vers elles que la distance qui me nous séparait, loin de se réduire, au contraire augmentait de façon significative un peu de la même manière que les objets se mouvaient devant Julius... Ce ne sera que beaucoup plus tard que cette forme d'analogie parviendra à réveiller une certaine partie endormie, étourdie par le vacarme de mes innombrables pensées, conséquence presque certaine de mon absence au monde, lequel me semblait comme un bannissement aux extrémités des monde. Ce double exil eut été l'événement le plus curieux et le plus douloureux de ma vie si la transformation de Sophia ne vint alors me jeter dans plus obscur et incompréhensible encore.

* Ovide, Les Métamorphoses, livre 1
http://bcs.fltr.ucl.ac.be/METAM/Met01/M01-568-779.html

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