vendredi 28 décembre 2007

..."entre deux, il y a des portes" *...


Maréchal et Domitien furent les premiers hommes recrutés dans nos services de renseignements à l'époque où l'éventualité d'un éventuel soulèvement des hommes était à peine évoquée. La seule évocation d'une "pareille stupidité" avait commencé par susciter des sourires camouflant avec peine les grimaces haineuse qui frémissaient dans l'ombre de leurs visages quand nous leur présentâmes Maréchal et Domitien. Ils n'étaient alors que deux jeunes hommes à la triste figure. Du fait que j'avais eu l'idée de les enrôler, j'avais été chargé par le "Cercle restreint" de les former pour cette présentation. Le peu de temps qui me fut accordé ne me permis pas de mener ces hommes au point où je voulais mais cela s'avéra fort suffisant pour qu'ils puissent, au mépris de toutes les croyances de cette époque, montrer qu'ils étaient capables d'apprendre à lire, à écrire et bien plus encore. Je ne pouvais encore pas imaginer qu'ils seraient capables un jour de nous surpasser en certains domaines, dont notamment la capacité de sourire n'était pas le moindre. Pour l'heure, j'étais en train de le regretter. Bien qu'ils ne me touchaient pas le moins du monde, j'avais l'impression de ne plus être qu'une marionnette entre leurs mains et leurs désirs. À la différence de Marcel, que je ne pouvais oublier, je n'étais plus qu'une misérable et minuscule chose qu'ils manipulaient à leur guise.
- Voulez-vous, je vous prie, avoir l'obligeance d'ouvrir la porte, Maître Tancrède ! me dit avec un ton compassé, Domitien qui était le plus loquace des deux, pendant que Maréchal captait toute mon attention avec des gestes tellement surprenants qu'il me fallait beaucoup d'attention pour le suivre. Ce qui entraînait, outre le fait qu'il me fallait admettre qu'il mettait en lumière très exactement ce que je leur avais enseigné, ce qui entraînait une dislocation de ma pensée favorable à l'ouverture de portes qui m'étaient presque inconnues...
Je réalisais à l'instant même que c'était précisément à cela qu'avait fait allusion Domitien. Ce qui me fit trembler. Domitien prenait le pas sur moi. Pour le moment je résistais, mais pour combien de temps encore ?

* "Il y a des choses qui sont connues et d'autres qui ne le sont pas, et entre deux il y a des portes..."
William Blake

Aucun commentaire: