jeudi 10 janvier 2008

À cheval sur la forme


- Monsieur Tancrède, écoutez-moi bien. Votre histoire est finie.
Je ne savais si c'était Domitius ou Maréchal qui me parlait et qui, joignant le geste à la parole, m'enleva prestement le manuscrit que j'étais en train d'écrire. J'étais simplement stupéfait par la clarté de son élocution et par la violence de son geste. Je mis un certain temps à essayer de comprendre. Est-ce que ma dernière heure était venue ?
- Il n'y a rien à comprendre, me dit-il. La seule chose que "nous" devons comprendre et qui importe se résume à ceci : Où est Julius ?
- Pourquoi le cherchez-vous ?


- C'est nous qui posons les questions, mon cher Tancrède, et cessez de réfléchir en tous sens. De plus, dès maintenant, nous allons être à cheval sur la forme... Il n'est plus question que vous écriviez n'importe quoi, n'importe comment. Nous avons assez perdu de temps en nous efforçant de comprendre ce que vous ne parvenez pas à faire démarrer. Nous sommes las, fatigués de vos belles phrases qui ne nous emmènent nulle part. Nous allons vous laisser une petite chance. Et pour cela nous vous prions de nous obéir en tous points et de cesser de vouloir inventer.
Je voulus protester, rétablir la vérité. Dire que je n'inventais rien. Que ce qui était écrit par ma main n'était que le résultat de pensées qui n'étaient pas les miennes...
- Et de qui "seraient" ces pensées? me répondirent-ils d'une seule voix en insistant sur le "S" de la supposition.

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