lundi 7 janvier 2008

Dans la nuit


Quand les aveuglantes lumières de la terre faisaient fait place à celles, beaucoup plus subtiles et changeantes, de la nuit, le cours des choses reprenait sa juste place. Derrière les rideaux fatigués, les colonnes déglinguées, la peinture et les ors fatigués, Tancrède et Terpsion s'allongent. Sur la paille et la poussière, un peu à l'abri des courants d'air, sans un bruit, sans un mot, sans un murmure ni claquement, libérés des apparences du spectacle, ils respirent librement de l'autre côté du rideau et s'imprègnent de l'infini de la nuit, de cette liberté délaissée par les âmes endormies. Sans répit, chaque petite parcelle de lumière joue avec les autres, se reflétant sans cesse en qui le veut et Tancrède lit encore.
- Quand j'arrête de lire, les étoiles s'en vont sans bruit rejoindre d'autres rêveurs...
Bientôt, Euclide et sa raison reprendront possession du monde. Chacun reprendra le rôle qui lui a été attribué et fera semblant pour quelques brefs et lointains applaudissements, un maigre morceau de pain et peut-être quelques caresses en espérant revoir bientôt ces rêves fuyants dans l'ombre des étoiles.
"Avant que l'âme puisse entendre, l'image sera devenue sourde aux fracas comme aux murmures, aux cris des éléphants rugissants comme au bourdonnement argentin de la luciole d'or."

Aucun commentaire: