dimanche 13 janvier 2008

Éloignement

Résumé:
Jusqu'à ce jour, Tancrède se sentait bien plus proche de Terpsion, souvenir lointain mais si vivant, l'âne avec lequel il apprivoisa l'art difficile de la piste, avec qui il partageait ses jours, ses nuits et la majorité de ses chromosomes que de son père Euclide dont il est censé être l'héritage. Aujourd'hui, il sent que les hommes, dont font partie Domitius et Maréchal ne sont peut-être pas si éloigné de lui qu'il imaginait.

- Certes, dans une certaine mesure, ils s'imposeront à nous par le nombre malgré le fait que je les ai vaincu ce jour. Ce ne sera que partie remise et il se peut que nous ne tardions guère à disparaître à leur profit. Ainsi donc, le jour où je me libère de mon créateur et du destin qu'il prétend me tracer, je m'aperçois que je vais disparaître par le fait d'une autre de ses créatures avec lesquelles je n'ai guère plus de différences qu'avec Terpsion!
L'interrogatoire reprit, mais cette fois c'était à nouveau au tour de Tancrède de poser les questions. La méthode que Maréchal et Domitius venaient de lui enseigner lui fut bien utile.
Tancrède:
- Pourquoi recherchez-vous Julius?


Maréchal:
- Il est l'âme de la révolution.
Tancrède:
- Quelle révolution ? Il n'y a pas eu de vraie révolution, nous n'avons pas eu le temps, ni les moyens de...
Domitius:
- Il ne s'agit pas de vous, mais de nous. Pendant que vous vous étiez réfugiés dans cette maison que nous surveillions, il s'est passé de grandes et belles choses.
Mais il y en eut aussi d'aussi sombres...



Maréchal:
- Après les événements du théâtre, nous sortîmes des bas-fonds, des chantiers où l'on nous gardait prisonniers et où nous vivions comme des chien et des rats. Nous nous regardions furtivement les uns les autres avec surprise, mais une certaine distance polie continuait de nous séparer.
Mais nous n'en sommes pas restés là très longtemps. Certain d'entre nous reconnaissaient des personnalité de l'ancien régime. C'était votre cas. Des personnalités responsables des "Hautes sphères" comme vous vous plaisiez à vous appeler, Monsieur le Juge.
Tancrède:
- Comment et à quoi les reconnaissaient-ils?
Domitius:
- Un petit nombre d'entre nous travaillaient régulièrement dans toutes sorte de circonstances. Personne ne nous voyait ou personne ne voulait nous voir. Cela ne se fit pas du jour au lendemain, mais d'une certaine manière nous étions devenu indispensable. Ainsi, moi je vous connaissais depuis fort longtemps...
Tancrède: sent le danger d'un trop grand rapprochement
- Reprenez votre récit!
Maréchal
-Il y eut des affrontements. Bien que moins bien armés que vous, nous nous en sommes sorti, nous ne savons encore comment. Un jour c'était eux qui nous poursuivaient, le lendemain c'était nous. Dans les rues se répandait un sang dont personne ne pouvait dire à qui il était.
Le Juge était démasqué... Ils marquaient un point. Il lui fallait reprendre de l'ascendant.


Tancrède:
- Soyez plus précis et ne vous perdez pas dans les détails! Combien de temps sommes-nous restés dans cette maison, Rosa, Sophia et moi?
Maréchal:
- Rosa, Sophia et vous êtes restés huit mois dans cette maison. Le bébé n'y est même pas resté un jour. Vous pensez bien que l'on ne vous a jamais "perdu de l'oeil!"
Ils savaient pour le bébé.
Tancrède:ému, se fourvoie. Au lieu de les questionner à propos de ces deux femmes et de leur bébé pour rester dans le droit fil de la narration:
- Marcel est-il revenu?
Domitius:
- Qui est Marcel?
Emporté par un élan inconscient, Tancrède venait de commettre une erreur. Le narrateur reprend le dessus. Si Tancrède continue ainsi, son destin s'écrira sans lui.
Tancrède:
- C'est moi qui pose les questions ! Contentez-vous de répondre selon mon désir. Où se trouvent-ils?
Maréchal:avec un soupçon de légère ironie
- Je ne sais de qui vous parlez et ne puis vous questionner.
Cette si petite pointe de sarcasme l'empêchait de se dominer. Il en est troublé devant cet homme avec qui il ne partage que peu de chose. Mais une force invisible se dévoile au delà de ses mots, qui le met à nu.

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