jeudi 24 janvier 2008

Lendemain glorieux

Résumé:
Maréchal et Domitius ayant à peine achevé la sanglante et spectaculaire transformation du juge Tancrède doivent faire face à la foule circonspecte mais joueuse et toute prête à se laisser happer par les jeux de lumières des miroirs de l'enfance.



Domitius:
- Au lendemain glorieux de notre juste et belle évolution, la construction de l'homme peut être la plus grande aventure de tous les temps. C'est à cette aventure, chacun selon ses capacités, qu'il nous est donné de participer. Fondamentalement, cette construction repose sur l’apprivoisement de la violence qui a divisé les ânes et les hommes pendant des siècles et des siècles. Certes, cette évolution ne peut se faire sans heurts...

La foule passe d'un murmure de mécontentement aux gesticulations les moins discrètes face à ce qu'elle considère comme du pur "jus de neurones".

Maréchal: qui prend la relève
- La réunification d’un si grand nombre, des terres de l’Est jusqu'à celles de l’Ouest donne lieu à de graves tensions économiques et sociales, tandis que nous assistons également au développement au sein de notre société de courants intégristes dont les valeurs sont diamétralement opposées aux notres. Les hommes, qui ont trop longtemps été absent du processus de l’évolution de la société des ânes ne devaient plus demeurer à l’écart de sa construction et se devaient de réfléchir pour assurer le « vivre ensemble » et non la disparition, voire l'éradication de ceux qui les avaient honteusement réduits à l'ombre et au néant. Dans une Cité en pleine évolution, notre pouvoir naissant ne peut reposer sur ses lauriers et ne doit se replier sur son passé peu glorieux...

La Foule, en choeur:
- Cette fois, il va trop loin. Il dépasse les plus bornés !
- Qui nous dit que ce ne sont pas des ânes?


Domitius: qui reprend la parole
Aujourd’hui, les hommes doivent avoir le courage d'identifier les vraies valeurs et de promouvoir celles-ci, non seulement à l'intérieur de notre cercle mais aussi auprès de ceux qu'ils ont combattus. Chacun de vous aura la lourde tâche d'emmener avec lui un peu du rêve que nous allons produire en prenant l'initiative de la réflexion, de l’action et, si nécessaire, du combat. Je veux dire: le combat contre soi-même.

Justin n'en croyait pas ses oreilles. Domitius et Maréchal tenaient un discours politique aussi radicalement tranché et ambigu que ses défuntes oreilles. Il avait devant lui une horde d'illuminés aussi près de la folie que de l'émerveillement. Justin se dit que son tour était venu. Oubliant ses récents déboires, s'abritant derrière un sourire que les circonstances lui prêtait, il se dirige vers le plus petit, mais aussi le plus remuant de tous et l'invite calmement à le suivre.


Justin:
- Bonjour, veuillez me suivre je vous prie. Nous vous avons préparé un siège duquel vous pourrez constater à l'envi que tout peut changer selon votre point de vue... Venez, montez ces trois marches et vous verrez, c'est par là, près des guirlandes... Prenez garde de ne point tomber de là-haut, trois petits pas pour vous, Monsieur, mais un grand pas pour l'humanité tout entière...
L'homme flatté aux oreilles caressées se sent pousser des ailes. Il se tait, suit sans réfléchir et pense intensément :
- Il faut que je sois homme fort et fortuné, doué d'une beauté bientôt royale pour que ce grand homme fasse si grand cas de moi.
En un instant la lutte est oubliée et le miroir est traversé.



Justin:

- N'ayez crainte, Monsieur, et osez votre question, nous vous répondrons aussi véritablement que nous en sommes capables.

Le petit homme:
- Avez-vous arrêté Marcel et retrouvé Julius?

Comment cet homme pouvait-il être au courant de ce qui devait être plus secret que le plus grand des secrets? Un âne avait parlé et Justin avait promis de répondre. Savait-il qui il était?

Aucun commentaire: