vendredi 25 janvier 2008

Les méditatives caresses de la foule

Justin, dans son nouvel état, n'atteint guère l'âge qu'aurait l'enfant nouveau-né de Rosa.
Justin:
- "Il y a déjà quelque temps que je me suis aperçu que", dans les premières années de ma précédente existence, "j'avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j'ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort douteux et incertain; de façon qu'il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie de me défaire de toutes les opinions que j'avais reçues jusques alors en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences. Mais cette entreprise me semblant être fort grande, j'ai attendu que j'eusse atteint un âge qui fût si mûr, que je n'en pusse espérer d'autre après lui, auquel je fusse plus propre à l'exécuter; ce qui m'a fait différer si longtemps, que désormais je croirais commettre une faute, si j'employais encore à délibérer le temps qu'il me reste pour agir".*

En effet, le temps presse. Si la foule s'est calmée en voyant l'un des leurs si bien flatté qu'elle sent que les caresses lui sont adressées, même si cela passe au travers de celui qui, au fond, les représente. Si cette foule qui jouit en oublie le temps pendant une fraction de celui-ci, elle ne tardera pas à se réveiller si l'intrigue qui la berce vient à se détendre.



L'homme:
- Qu'un flot de souveraines pensées flottant dans l'air rare et précieux de ces hauteurs me gonfle de joie, chasse ces puanteurs qui se répandent sous moi et fassent de moi ce que je suis.

* Méditations, René Descartes

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