vendredi 19 août 2016

La Grande Histoire des Petits Cochons (4)

La Grande Histoire des Petits Cochons
Chapitre IV


Au petit matin, quand la brume montait du sol, nous avions l'étrange sensation que le sol avait disparu et que nous étions en plein ciel. Les cailloux sur lesquels nous étions assis nous semblaient telles des montagnes sur lesquelles nous revivions à peu près l'histoire de Noé, ou de Sisyphe, ou d'Icare... c'était selon... 

Il a déjà été dit deux fois que nous étions trois. Trois hommes qui, au départ ne formions qu'un. Mais avant cela nous étions beaucoup plus... et nous formions une seule et même entité. Malheureusement, il a fallu se rendre à l'évidence, cela s'est avéré plus tard, que cette unité était largement dépendante de la foi que nous avions en elle. Ce n'était pas un fait, une base stable sur laquelle nous pourrions nous appuyer, mais quelque chose de parfaitement instable qu'il fallait constamment équilibrer. Nous n'avions rien compris à cela. Et cela fut la cause de ce qui s'est passé. Parmi notre trio, nous ne parlions plus. Nous n'étions liés que par ce que, chacun pour soi, nous avions accompli. Aucun de nous ne pouvait être fier de ce qu'il avait en mémoire. C'était un secret commun que chacun gardait pour soi. C'était, en quelque sorte, un secret dans le secret. Nous ne dormions plus. Aucun de nous n'aspirait au repos. Nous passions la nuit à regarder les étoiles accomplir leurs destins. Nous étions persuadés qu'elles voyageaient. Nous étions aussi certains que nous voyagions, ce qui était vrai, mais nous oubliions que le plus grand des chemins est un voyage qui se fait tout seul, sans que nous n'ayons rien à faire si ce n'est d'en être conscients. Or, c'était précisément ce qui nous manquait le plus et ce que nous recherchions quand nous nous rencontrâmes.


( à suivre)

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