jeudi 29 juin 2023

Contrées

 

 


 

Don Carotte se parle à lui-même. Il croit entendre vers laquelle son esprit se tend.

– Est-ce la voix des sirènes?
– Doux rêveur, tu te berces encore de l'illusion d'une transparence définitive. L'écriture, telle une danse avec l'indicible, nous entraîne dans les méandres des mots, où le sens se dérobe et se dissout. Elle ne dévoile pas de vérité, mais nous plonge au cœur d'une absence féconde. L'humaine condition est tissée de paradoxes et de fractures, et c'est dans cette brume incertaine que résident votre étrangeté et votre possible… voir même véritable liberté.
– D'où vient que je me sente désorienté face à cette vision énigmatique. N'y a-t-il donc aucun repère, aucune stabilité à saisir ?
– Cher égaré, les repères sont des illusions fugitives dans le labyrinthe de l'existence. Il n'y a pas de stabilité absolue, seulement des instants éphémères de significations fragiles. C'est dans cette déstabilisation que s'épanouit la véritable création, là où les mots s'étreignent dans le vertige du silence. Ose t'abandonner à l'incertitude et peut-être, dans l'éclat de l'inachevé, trouveras-tu une étrange béatitude.
Ainsi, Don Carotte danse avec les mots des sirènes. Se perdant dans les méandres de sa propre création, il se nourrit de l'énergie des histoires qui se racontent, s'émerveillant béatement de la beauté des univers qu'il croit construire. Même si Don Carotte se doute par moments que les voix qu’il entend sont pétries lourdement de bonnes intentions… il se sent flatté par le boniment… Il ne parvient pas à douter… Si près, si loin, il se laisse guider par l'élan de son imagination, croyant explorer des contrées inexplorées où le temps n'aurait plus de prise.
 
 

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