samedi 24 juin 2023

Sans repères



– Contemplez, je vous en prie, la toile d'ombres tissée par l'existence qui se dérobe sous nos regards. Les mots s'évanouissent…
– On ne dirait pas…
– C’est une façon de parler…
– Comme une image… 
– … laissant place à l'énigme fondamentale de notre condition.
– Mais pourquoi cette énigme persistante ? N'y a-t-il donc pas de vérité ou de certitude en nous ?
– Ah, vous cherchez encore des réponses dans les profondeurs impénétrables de l'énigme.
– Pourquoi pas?
– L'énigme n'est pas une épreuve à résoudre…
– Qu’est-ce alors?
– Ce pourrait être un écho infini de questions sans réponse.
– Croyez-vous sincèrement qu'il existe une vérité immuable dans ce labyrinthe de l'existence ?
– Regardez plutôt la fragilité de nos certitudes, les mots qui se dérobent sous nos pas, et vous vous toucherez du doigt l'insondable complexité de notre être.
– C’est troublant…
– C’est ainsi…
– Pourtant je pensais, comme nous l’enseignait notre maître, que la parole avait le pouvoir de dévoiler des vérités essentielles, d'apporter un éclairage sur notre condition… enfin… c’est ainsi que je l’ai entendu…
– Je vous crois bien naïf!
– Il le disait souvent!
- Vous vous bercez encore de l'illusion de la clarté et de la transparence. La parole, pas plus que l’écriture ne dévoile de vérité absolue…
– À quoi sert-elle dans ce cas?
– Elle ouvre plutôt des espaces d'interrogation, des failles où se révèle notre insondable énigme. 



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