samedi 28 février 2015

Les traces d'un passage



"Socrate affirme
que l’émerveillement ontologique de l’adolescent,
la perte « vertigineuse» des repères devant
l’instabilité de l’être mouvant,
est le commencement de la philosophie.
Il fallait noter surtout le retour incessant
de « s’émerveiller » (thaumadzein),
avec le substantif, l’adjectif et l’adverbe
qui l’accompagnent,
où la charge positive du mot fait voir que
l’émerveillement est la prise de conscience
de l’inattendu, d’un phénomène
étranger au cours normal des choses."*


– Comme le poisson efface les traces de son passage avec sa queue...
– Vous savez, cher Justin, selon Auguste, mon cher maître, le trajet d'une étoile laisserait une trace sonore que nous ne percevons pas...
– Comment l'idée lui est-elle venue...
– Voilà qui mérite attention.
Il est temps de préciser qu'Auguste a un long chemin qui s'étend derrière lui. Enfin, c'est ce qu'il pense. En réalité, ce chemin, pour qui voudrait le parcourir en sens inverse serait bien difficile à déceler.
Hors, précisément, ou presque, c'est ce qu'ont fait le trois émissaires. Je dis bien "presque" parce qu'ils ne l'ont point parcouru en sens inverse, mais à l'endroit. Or à l'endroit comme à l'envers, ce chemin a, pour de nombreuses raisons et à de nombreux endroits, complètement disparu. Il ne reste que de petits tronçons reconnaissables... plus ou moins. Quant aux trajets sur l'eau de la mer, reconnaissons qu'il s'agit là d'un problème bien délicat... auquel le bon sens indique clairement qu'il faudrait ne pas s'y attarder....
– Alors comment se fait-il que ce trajet ne fut peut-être pas le plus difficile à retrouver par la troïka?
– Socrate suggère que l’émerveillement est le don de lever la tête au-dessus de notre manière de voir afin d’apercevoir autre chose.


* Michael Edwards, professeur au collège de France

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