lundi 9 mars 2015

Tout embrasser d'un seul et unique regard?

Les carnets d'Auguste (9)

Augure est un mot qui signifie, entre autres significations: le "nom animé".
N'est-ce pas là une vraie merveille?
- Oui, mais ce n'est pas vraiment ce que j'ai appris à propos du mot augure.

Pour nous qui n'avons pas votre culture, avant tout, ce mot a un rapport très net avec la divination. Pratique dont on sait, ou à propos de laquelle, tout de même, tout homme raisonnable et raisonné, sait qu'il s'agit de croyances et non de sciences.
- Il se pourrait, mon cher semblable, que la croyance ou les croyances soient des savoirs comme les autres… simplement il ne faut faut pas les confondre, un lion et un agneau ne doivent pas être confondus pour des raisons évidentes, même s'ils ont tous deux, quatre pattes, un pelage, un système digestif, un cerveau et sont tous deux des animaux…
... comme nous..
- Comme nous?
- Oui, comme nous. Nous sommes des êtres animés (comme l'augure) et donc par définition:
dotés d'un âme (anima).
- N'allez-vous pas un peu vite en besogne ? L'homme n'est-il que cela? Et l'âme peut elle être confondue avec l'animal ?
- Vous avez raison "Ce qu'il y a de grand dans l'homme, c'est qu'il est un pont et non un but: ce que l'on peut aimer en l'homme, c'est qu'il est un passage… (silence)
- Il me semble que vous tronquez la citation de Nietzsche… Il dit, ou plutôt il fait dire à Zarathoustra, image de lui-même, que l'homme est un passage… mais il ajoute: un passage "et" un déclin… Pourquoi n'avez pas énoncé cette citation en entier?
- Nous ne pouvons citer entièrement ou alors il faudrait citer l'entier du livre, l'entier de l'image et non seulement ce que nous décidons de mettre dans le cadre, qui pourtant constitue un tout.
- J'entends bien ce que vous me dites, mais quel est le rapport avec ce dont nous parlions:
la contemplation, l'image et sa projection dans le temps, le rapport entre l'animal et l'anima, c'est-à-dire l'âme qui serait alors ce qui nous meut, ce qui nous fait bouger, ce qui nous met en mouvement comme je contemplais, moi aussi, votre main qui dansait tout-à-l'heure au-dessus d’un carnet semblable au mien et dans lequel est posée une question:
“N'est-ce pas grand défaut que de vouloir tout embrasser d'un seul et unique regard?”


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