vendredi 20 mars 2015

La marque d'un rétrécissement...

Deux gouttes d'eau discutent. (5)


«... il n'est pas facile de se déterminer uniquement par des concepts; le caractère le mieux trempé n'est pas sans ressentir l'action puissante du monde extérieur, qui l'entoure avec toute sa réalité intuitive.
Seulement, c'est précisément en tenant cette influence en échec, en comptant pour rien la fantasmagorie du monde, que l'esprit humain fait éclater sa grandeur et sa dignité..
Ainsi lorsque l'attrait du plaisir et de la jouissance le laisse indifférent, lorsqu'il n'est ébranlé ni par les menaces ni par la rage d'ennemis en fureur, que les supplications d'amis abusés ne l'ébranlent point dans sa résolution, que tous les fantômes trompeurs, dont l'entoure l'intrigue la mieux concertée, ne sauraient l'émouvoir, que les insultes des sots et de la foule ne le font point sortir de son calme et ne lui donne point le change sur sa propre valeur; – alors..»

Arthur Schopenhauer
Le monde comme volonté et comme représentation




– En quoi cela serait-il intéressant ?
– En ce cas, il pourrait s'agir, dans une certaine mesure, d'un cas similaire au mien.
– Comment cela ?
– Il y aurait, au delà de nous-même, un être agissant sur nous.
– C'est ridicule.
– Pas tant que cela.
– Je crois que rien n'existe au-delà.
– Cette croyance est la marque même d'un rétrécissement...
Je crois que que vous êtes un être borné.
Au sens géographique du terme.
– Vous me flattez.
– Comment cela?
– Un monde n'est pas un territoire. Si vous y trouvez quelques bornes, celles-ci ne délimitent que l'un de ses multiples aspects et nullement l'entier du monde qu'elles sont censées déterminer. Vous ne devriez confondre le tout avec la partie. Et pendant que nous y sommes, dites-moi dans quelle sorte de monde vous imaginez-vous qu'existe cet être infini qui vous fait si bien douter?
– Je ne sais et je ne puis savoir.
– Vous devriez.

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