lundi 9 mars 2015

Miroir

 "Les mot qui émanent de leurs bouches
sont aussi censés que les flatulences
qui s'échappent de leurs arrières trains..."

"Le savoir commence par les sentiments, par l'expérience.
Moi je dis que le savoir commence par l'amour.
La nature seule peut nous guider.
Elle commence par une cause et finit par une expérience, alors commence par une expérience afin de trouver la cause..."

 "Un reste de feu s'était réfugié dans un petit morceau de charbon, sous la cendre tiède, et là se nourrissait chichement, en comptant chaque bouchée, du peu de matière qu'il y avait encore. Survint alors la cuisinière. Ayant besoin d'accomplir, comme à  l'ordinaire, son office culinaire, elle posa un fagot de bois dans l'âtre et, avec une allumette, ressuscita d'abord une flammèche de feu presque mort. Le bois ayant bientôt commencé à brûler, elle place la marmite au-dessus et s'en va sans se poser de question.
Se réjouissant du bon bois sec qu'on avait mis sur lui, le feu se mit à grandir, à pourchasser l'air dans les interstices entre les bûches, musardant et se glissant partout gaiement. Après quoi il commença à se pousser hors du fagot, comme on se pencherait plaisamment à la fenêtre, et, de là, il se mit à lancer ses flamboiements rutilants, dissipant les ténèbres épaisses de la cuisine. Et les flammes, devenues grandes, exultaient du bonheur de de jouer avec l'air alentour, tandis que de leur doux murmure s'élevait une musique suave.
Voyant combien il s'était élevé plus haut que le fagot, et qu'il était maintenant devenu fort grand, le feu, jusque là docile et tranquille, s'enfla d'un insupportable orgueil, au point de se persuader qu'il allait pouvoir attirer tout l'air ambiant jusqu'à cette pauvre brassée de bois. Il se mit alors, à emplir tout le foyer de crépitements, d'éclats et d'étincelles, et à unir en une seule gerbe dressée vers les airs ses flammes les plus puissantes, les plus fières...
qui vinrent heurter le cul miroitant de la marmite !
Le miroir était très fier d'accueillir en lui un reflet ; mais une fois celui-ci parti, le miroir se trouva fort misérable."

(Légèrement adapté de) Léonard de Vinci

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