mardi 17 mars 2015

Deux gouttes d'eau conversent

"Je ne suis pas si convaincu
de notre ignorance par les choses qui sont,
et dont la raison nous est inconnue,
que par celles qui ne sont point,
et dont nous trouvons la raison.
Cela veut dire que, non seulement
nous n’avons pas les principes qui mènent au vrai,
mais que nous en avons d’autres
qui s’accommodent très bien avec le faux."

Fontenelle, Histoire des oracles (1687)

Auguste et Justin ne sont point seuls à converser.
Deux gouttes d'eau le font aussi. 

(1)

Perdues dans les friches, deux gouttes d'eau conversent. Rien ne les différencie hormis les reflets qu'elles contiennent et qui les habillent.
– Combien de temps encore pourrons-nous dialoguer ?
– Pourquoi cette question ?
– Il me semble qu'on nous observe...
– Qui pourrait s'intéresser à nous ?
– L'être qui se dessine à notre surface et que je distingue assez nettement sur la votre... Un être bien étrange... bien au-delà...
– L'être qui est au delà de quoi?
– Au delà de notre monde.
– Que peut-il y avoir au-delà de notre monde?
– Un autre monde.
– Quel autre monde?
– Un monde différent.
– Quelle sorte de différence peut-il contenir et n'est-ce pas là pleine démesure imprudemment descellée?
– Je ne le sais pas.
– Si vous ne le savez pas, comment pouvez-vous supposer qu'il soit
différent?
– Précisément parce que je ne le connais pas.
– Si vous ne le connaissez pas vous ne pouvez éliminer la possibilité
qu'il soit conforme au nôtre.
– Vous avez raison et pourtant l'être que je perçois est différent de nous.
– Je ne le perçois pas. Pourriez-vous me le montrer?
– Il se trouve là, de l'autre côté.

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