jeudi 27 avril 2017

Ce qui demeure ne peut venir du changement

– Vous le savez bien, cher Daemon, ce qui demeure ne peut venir du changement... mais, écoutez bien l'infime différence, de ce qui est demeuré peut venir un changement...

Sur sa demande, l'homme à la pipe qui, sous ses airs bourrus, théâtralement grandiloquace, comme dira plus tard Daemon dans ses mémoires: "non dénué d'un certain orgueil dont je me suis longtemps demandé s'il était proche de l'arrogance" interroge subtilement Daemon. Celui-ci ne s'attendait pas à devoir répondre à des questions qui, littéralement, "le mettent en cause"...




– Voudriez-vous me dire pourquoi, selon vous, vous portez le nom de Daemon?
– Je n'en sais rien...
– N'en avez-vous pas une petite idée?
Les questions se suivent et Daemon commence à mal se sentir. Une énergie négative monte du fond de ses entrailles qui lui fait retrouver sa forme animale. Il se laisserait volontiers aller mais curieusement, son corps de chien ne répond plus. Alors, au lieu de grogner c'est sa voix de daemon qui reprend le dessus.

– Je porte le nom que l'on m'a donné...

En disant cela il sait qu'il s'engage vers un horizon qu'il n'aime pas c'est pourquoi sa réponse est aussi vague... et la question suivante, comme la vague sur la plage, ne tarde guère.

– Vous le portez... Voilà qui est intéressant. Diriez-vous que vous la portez comment... comme un joli costume, ou... comme un fardeau?
Il fait une courte pause puis reprend:
– Et d'abord, qui vous l'a donné ce nom que vous portez?

Daemon hésite, il sait ce qu'implique la question. Il connait la réponse à la deuxième question mais voudrait ne pas la prononcer. De fait, il ne peut la prononcer. Face à ce dilemme, c'est tout naturellement que l'image de son maître apparait dans son esprit.

L'homme à la pipe ne peut cacher son plaisir:
– Nous y voilà!
– Je n'ai rien dit!
– Vous avez fait mieux que cela.
– Quoi donc?
– Quoi de plus explicite qu'une image?
– Cela dépend lesquelles...

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