lundi 1 juin 2009

- Vous vous trompez, je ne la trouve nullement vaine. Il est manifeste que certains éléments vous semblent futiles pour la raison que vous ne les comprenez pas. Je ne crois pas qu'il soit juste de les considérer comme tels et il se peut qu'un jour prochain j'arriverai à vous faire changer d'avis.
- Je ne saisis pas ce que les Émissaires font. Sont-ils chasseurs, gardes, chercheurs ou que sais-je encore?
- Je ne vous surprendrais pas en vous répondant qu'ils sont un peu de tout cela ensemble.
Pour commencer, ils sont vraiment comme des chasseurs. Ils sont aux aguets. Le moindre frisson, le moindre mouvement, le moindre changement dans le ciel devrait attirer leur attention.
- Je ne savais pas que ce qui les intéressait était le ciel!
- Cela va de soi.
- Pas du tout.
- Où croyez-vous que nous allions depuis le temps que nous grimpons?
- Ne me dites pas que nous montons au ciel. J'aurais peine à vous croire et même un peu de peine pour vous...
- Ne soyez pas médisant sans connaître.
- Regardez-moi... J'ai un étrange sentiment... Voulez-vous avoir la gentillesse d'enlever votre chapeau?



- J'en étais presque sûr! Vous avez de bien curieuses oreilles et votre visage n'a pas la stabilité habituelle que nous avons nous autres . Vous êtes sûrement un Émissaire...


- Venez, nous nous sommes assez reposé et nous avons beaucoup trop parlé. Prenez garde, à l'altitude où nous sommes, le temps peut changer très vite. Ne vous éloignez pas trop. Vous ne connaissez pas le chemin et l'aisance avec laquelle vous grimpez n'est qu'une illusion. Méfiez-vous un peu tout de même de vos automatismes...
- Quelle que soit la brillante intelligence dont vous faites étalage, il est cependant manifeste que vous ne pourriez guère me suivre sur le terrain sur lequel nous sommes. Ne serait-ce pas là une petite source de frustration?
- Ce pourrait l'être, je vous l'accorde bien volontiers, mais vous devriez mieux écouter ce que j'ai à vous dire. Chacun de nous se meut selon sa constitution. Certains peuvent plus, d'autres moins. Tous, nous sommes tributaires de notre mesure. En de semblables circonstances votre petite taille est un avantage considérable. Mais cet avantage n'en sera plus un lorsque vous vous serez perdu. De plus, votre insouciance et la dépense considérable que vous vous accordez à folâtrer sans mesure pourrait à son tour être source, non pas de frustration mais de remord. Tout ce que vous faites si facilement n'est qu'une habitude bien établie La seule chose qui vous intéresse est cette émotion qui vous dirige et que vous recherchez sans cesse.
- Cela se peut. Je ne vois pas dans cette démarche ce qui pourrait être néfaste et je me demande ce qu'il en est de vous. N'êtes-vous pas, dans le fond, vous aussi, à la recherche de ce qui, chez moi, semble vous déranger si fort?

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