vendredi 5 décembre 2014

À peine...

Auguste passait le plus sombre
et le plus clair de son temps à guetter cette forme qui,
il en était sûr, ne renfermait pas seulement
ce qui l'inquiétait au plus profond de lui-même.

À peine avait-elle accepté de se laisser approcher... peut-être n'en avait-elle plus la force...


À cette heure le cirque était désert.
– Je ne risque rien à essayer. Il faut qu'elle mange et dorme un peu.
Dans ses bras elle s'est endormie. Du mieux qu'il peut Auguste cherche son chemin dans un monde qu'il connait, certes, mais un monde dans lequel il a toujours été seul.



Le tissu rouge du rideau qui couvrait le corps de celle que tenait entre ses bras auguste se mit inexorablement à tomber entrainant le corps amorphe qu'il contenait, C'est à grand peine qu'Auguste au prix d'un effort spectaculaire, et un peu malgré lui, qu'il l'empêche de tomber en la rattrapant in-extremis.
Quand, un peu plus tard il y pensa, Auguste ne pouvait s'empêcher de penser que ce qui lui occupait l'esprit dans ce moment dramatique n'était pas le danger, mais la masse des cheveux de celle qu'il appellera Rosa. La première fois qu'il la vit sous sa capuche elle lui avait paru bossue. Ce n'était que cette masse grise et poussiéreuse qu'elle cachait sous le rideau. La deuxième choses à laquelle il pensait, à ce moment là, était l'étrange sensation de ne pas savoir si c'était elle ou lui qui lui tendait la main.

Pour un instant le principe du plaisir s'efface et cède la place au principe de la réalité qui fait que, sans renoncer au but final que constitue le plaisir, nous consentons à en différer la réalisation, à ne pas profiter de certaines possibilités qui s'offrent à nous de hâter celle-ci, à supporter même, à la faveur du long détour que nous empruntons pour arriver au plaisir, un déplaisir momentané. *