vendredi 9 décembre 2016

9 décembre 2016



Platon est peut un petit démon, ou daemon, mais il est surtout un peu cabot...

 

–  « On ne doit pas perdre de vue que, malgré mes singularités évidentes, je suis bien loin d’avoir renié ma race. C’est une chose étrange quand j’y réfléchis et j’ai pour y réfléchir tout le loisir, le goût et les capacités nécessaires. C’est une chose bien étrange que la société canine. Il existe, en dehors de nous autres chiens, toutes sorte de créatures à la ronde, de pauvres êtres insignifiants, muets, réduits à certains cris. Beaucoup, parmi nous autres chiens, les étudient, leurs ont donné des noms, cherchent à les aider, à les étudier, à les cultiver et ainsi de suite. Pour ma part, ils me sont indifférents, sauf si par exemple ils essaient de me gêner ou s’ils peuvent, à l’occasion, me procurer un bon morceau à me mettre sous la dent, ce qui arrive rarement dans nos régions, je les confonds les uns avec les autres, je ne m’intéresse pas à eux. Une chose cependant est trop frappante pour m’avoir échappé c’est, en comparaison avec nous autres chiens, leur manque de solidarité… On les voit passer les uns à côté des autres, étrangers les uns aux autres, muets et avec une sorte d’hostilité. Seul l’intérêt le plus vulgaire est extérieurement capable de les réunir un peu. Encore cet intérêt provoque-t-il souvent la haine et le conflit. » *

* Recherches d'un chien, Franz Kafka 1922

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