mardi 16 avril 2024

Une sorte de vide


Selon Gérard de Nerval, «l'écho le plus lointain rebondit entre nous»; par cet écho, l'émotion la plus profonde du réel s'investit en nous. Plus l'écho provient d'un ailleurs lointain, plus le réel se densifie et révèle ses multiples richesses. Plus l'émotion réflexive fait résonner la distance, plus elle convoque la densité spécifique de l'activité contemplâtrier. L'écho lointain se définit comme le parcours même de cette distance, parcours invisible, chemin d'ondes, sorte d'itinéraire magique de la pensée. Au lieu de vouloir disséquer la pensée, l'émotion réflexive se réjouit à l'idée de suivre, voire parfois d'anticiper sa trace. L'émotion vibre à l'idée d'explorer l'espace problématique de la pensée. L'émotion réflexive est écho de la pensée.”

Cynthia Fleury, Métaphysique de l’imaginaire, folio essais, p. 547
 


– Croyez-vous qu’il nous manque quelque chose? 
– Expliquez-moi ce que vous entendez par là!
– Il me semble qu’il y a en moi une sorte de vide que je n’arrive ni à situer ni à décrire… ni à définir…
– Je crois que je saisis de très loin ce que vous ressentez… vous parlez d’une sorte de creux… qui, bien qu’étant vide et lointain nous pèse?
– C’est un peu cela! 



Au couchant, Julius rejoint Mimésis, une barque éventrée, légèrement balancée par les derniers ressacs et le vent, aux travers du vide de ses entrailles et de sa quille brisée grince et craque au ralenti comme une voix qui s’éteint, convoquant le passé disparu. Tout au long de la plage, au rythme de la houle, le temps s'écoule.
"Un soir, t'en souvient-il, nous voguions en silence..."
Julius sentait, enfin, sur son épaule, le soupir de la mer, soulagée de ne plus les porter.


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