dimanche 28 avril 2024

Au cœur des profondeurs


 

 
Extrait du journal du professeur Tancrède
 
En ce temps-là j’ignorais, et c’est peu dire… qu’Auguste connaissait ces deux femmes. Constatant combien la dangereuse liberté que nous, officiers de hauts rangs, nous nous attribuions et la promesse d'une arrestation prochaine n’influençait en aucune manière le sentiment de nous sentir étroitement unis, bien au contraire. Je ne sais ni comment ni pourquoi
 Rosa fut mise au courant… mais lorsque je la vis, le soir même, fière de ce qu’elle considérait comme l'accomplissement de notre tâche et qui ne manquait pas d'humour gaillard sourit et pris l’air docte de l’orateur prononçant sa conclusion:
– Notre tâche n'est pas achevée… et si notre travail a produit un fruit dans lequel je me réjouis de mordre à pleine dent, observons combien les chemins dans le fruit sont possibles… Les vers, qui n’aspirent pas au repos, le savent aussi… Et qui sait ce qu’ils seront quand ils auront grandis et que le fruit aura pourri… Veillons à ne pas nous endormir en cédant à l'engourdissement de la joie car celle-ci ne peut être que passagère! 
C'est alors que je compris combien Rosa, sous des apparences légères, était, en faits et en gestes, tout à fait porteuse d'une idée puissante qui me la fit découvrir comme un guide sûr auquel je me promis de rester fidèle.
– Bandons nos arcs et visons, dans la mesure de nos possibilités, au cœur des profondeurs de nos espoirs les plus fous! 
Il est vrai que Rosa était surprenante, cette dernière réplique à laquelle je devrais consacrer un peu de temps pour bien la comprendre eût pu être attribuée à un âne, mais ce fut bien elle qui la prononça de farouche et fière manière.


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