lundi 16 juillet 2018

(16) Comme pour chanter






« Leverkühn s’était assis au piano brun et de la main droite il lissait les feuilles de la partition. Des larmes coulaient le long de ses joues et tombèrent sur les touches qu’il frappa, si mouillées qu’elles fussent, en plaquant des accords fortement dissonants. En même temps, il ouvrit la bouche comme pour chanter, mais seul un cri de douleur, demeuré à jamais dans mon oreille, s’exhala de ses lèvres. Courbé sur l’instrument, il ouvrit les bras dans un geste d’étreinte, puis soudain, comme foudroyé, il tomba et glissa du tabouret à terre. 

Thomas Mann, Le Docteur Faustus


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