jeudi 26 juillet 2018

(26) Passage


“Toujours, quand les idéaux d’une génération ont perdu leurs couleurs, leur feu, il suffit qu’un homme doué d’une certaine puissance de suggestion se lève et déclare péremptoirement qu’il a trouvé ou inventé la formule grâce à laquelle le monde pourra se sauver pour que des milliers et des milliers d’hommes lui apportent immédiatement leur confiance; et il est de règle constante qu’une idéologie nouvelle - c’est sans doute en cela que réside son sens métaphysique - crée tout d’abord un idéalisme nouveau. Car celui qui apporte aux hommes une nouvelle illusion d’unité et de pureté commence par tirer d’eux les forces les plus sacrées: l’enthousiasme, l’esprit de sacrifice. Des millions d’individus sont prêts, comme par enchantement, à se laisser prendre, féconder, et même violenter, et plus ce rédempteur exige d’eux, plus ils sont prêts à lui accorder. Ce qui, hier encore, avait été leur bonheur suprême, la liberté, ils l’abandonnent par amour pour lui, pour se laisser conduire passivement; le ruere in servitium de Tacite se vérifie une fois de plus: une véritable ivresse de solidarité les fait se précipiter dans la servitude et on les voit même vanter les verges avec lesquelles on les flagelle.”

Stefan Zweig, Conscience contre violence, Le Castor astral



Extrait des Mémoires du Cap'tain

  
Le Cap'tain, au gré de ses métamorphoses et des rencontres, se demande souvent à quel degré de souche se fera son prochain héritage. Sera-t’il considéré comme descendant de lui-même ?

– C’est probablement pour cette sorte de raison que je suis ici de mon plein gré, bien que d’une certaine manière, j’y ai été amené...
 

– Je ne faisais et ne fais toujours que passer. Je ne m’approprie rien et finalement je les fais vivre. On peut dire que je les distrais autant qu’ils me distraient.




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