samedi 21 septembre 2024

 


« Je vous en prie, pour beaucoup d'entre vous, tout cela peut paraître technique. Cela n'est pas technique. C'est très simple, bien que cela exige un peu de concentration. La plupart d'entre nous sont habitués à des discours politiques où on leur dit ce qu'il faut faire ou ce qu'il faut penser; et il se peut que nous trouvions difficile de poursuivre avec aisance et sans à-coup une pensée de cet ordre; mais comme ceci n'est pas un discours politique, il nous faudra être un peu concentrés.
Je disais que la conscience est un processus d'expérience, d'appellation et d'enregistrement; et pourquoi donnons-nous un nom à une expérience, à un sentiment? Nous lui donnons un nom, soit pour la communiquer à autrui, soit pour la fixer dans la mémoire, ce qui revient à lui donner une continuité. S'il n'y a pas de continuité, alors l'esprit n'est pas, la conscience n'est pas. Je dois donner une continuité à une expérience, autrement la conscience cesse. Donc, je dois lui donner un nom. L'octroi d'un nom à un sentiment, à une expérience, est instantané car l'esprit, qui est le gardien des enregistrements, de la mémoire, met une étiquette à un sentiment, afin de lui donner une substance, afin de lui donner une continuité, afin d'être capable de l'examiner, ce qui revient à établir une continuation de la pensée. Après tout, le penseur est la pensée; et sans le processus de la pensée, sans une continuité accordée au processus de la pensée, il n'y a pas de permanence pour le penseur. Donc, nommer un sentiment, une expérience, donne une permanence au penseur, au gardien de l'enregistrement, qui est l'esprit: vous donnez un nom à un sentiment, à une expérience et, de ce fait, vous lui donnez une continuité; alors l'esprit se nourrit de cela, et se sent exister. Considérez une expérience, n'importe quelle sensation ou n'importe quel sentiment que vous éprouvez, de colère, de haine, d'amour; lui donnant un nom, vous l'avez stabilisée, vous l'avez classée dans le cadre de vos références. La nature même de l'appellation d'une expérience est de donner une continuité à la conscience, au “je”. Ce processus continue tout le temps et à une telle vitesse que nous en sommes inconscients. Ce disque est joué sans arrêt à différents niveaux, sur des thèmes différents, avec des mots différents, que nous soyons éveillés ou en train de dormir.
Mais qu'arrive-t-il si vous ne nommez pas, si vous ne donnez pas de nom à une expérience? Si vous n'êtes pas en train de nommer les différentes sensations, si vous n'avez pas d'arrière-plan, où est le « vous»?
Je veux dire que si le sentiment (ou l'expérience) n'est pas nommé, il se fane, se réduit, disparaît, il n'a pas de continuité. Faites-en l'expérience, et vous verrez vous-même. Si vous avez un très fort sentiment de nationalisme, qu'arrive-t-il? Vous lui donnez un nom, une pensée surgit d'idéalisme, d'amour; vous dites: «mon pays»; en somme, vous nommez le sentiment et, de ce fait, vous lui donnez une continuité.»





En un instant il se voit transporter sur une île... La voix se superpose aux rythmes des flots...

"Celui qui bouge pour se faire l'écuyer de sa rage tient son âme pour peu de chose; il meurt au premier mouvement. Qu'on fasse taire cette horrible cloche qui met cette île effarée hors d'elle-même!"*
La lointaine et lancinante mélodie des vagues couvre les mots par d'autres mots :
"... La légende déroule
Le chemin de ses jours
Où va la roue du temps
qui roule depuis tant
De longs moments sans toi..."

Le Dr. Logical s'étonne que de simples mots
puisse, l'espace d'un instant,
se jouer des certitudes
en secouant le temps et ses fondements
Lidane Liwl
Édition "Le temps s'écoule"
* Othello

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