dimanche 29 septembre 2024

 

 

Au moment où la lumière et ses ombres se figent, le voyage peut commencer. La nuit ne diffère guère du jour. Les détails apparaissent, de plus en plus profonds. Un sens leur est donné. C'est ce qui m'est arrivé le jour du passage. Ce jour-là, la perception fut trop intense. Ma tête avait brûlé. J'avais eu la sensation de m'envoler. Je suis tombé. J'étais brisé. La nuit est tombée.
Je ne sais comment je rentrais chez moi. Je ne sais combien de temps je dormais. Je ne sais qui prenait soin de moi. Quand je me levais, je ne pouvais croire mes yeux: je ne reconnaissais rien, tout m'était étranger, tout était flou, mes jambes étaient lourdes et je boitais. À chaque respiration une odeur âcre me tailladait la gorge et enflammait mes poumons. En tremblant mes mains prirent le relais de mes yeux malades. Je dus me rendre à l'évidence, il ne restait plus que cendre du village qui m'entourait. J'étais seul. Patiemment, je reconstituais mentalement l'image de mon corps, puis l'image du village. Je finis par en avoir une vision si précise que je pouvais me déplacer sans l'aide de mes yeux. L'image que je concevais agissait comme un guide et se superposait à celle du monde. Je ne discernais plus guère entre les deux. Cela me plaisait beaucoup mais d’aucuns diraient que cela pourrait aussi devenir dangereux... 


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