dimanche 22 septembre 2024

 
« Dès l’instant où ce mot – un mot, une phrase – s’est glissé entre eux, quelque chose a changé, une histoire a pris fin, il faudrait mettre quelque intervalle entre leur existence et ce mot, mais celui-ci comprend toujours cet intervalle même, quel qu’il soit, et aussi la distance qui les sépare et les en sépare. De cela, ils sont toujours très conscients ; il leur arrive, par ruse, par lâcheté, de demeurer loin l’un de l’autre, c’est facile, la vie les tient à l’écart. Et quand ils cessent tout à fait de se voir, quand la ville leur assigne des parcours de vie qui ne risquent pas de les faire se rejoindre, ils seraient satisfaits, si le contentement n’était aussi la manière dont l’entente de ce mot s’impose à eux. Ils ne sont donc pas satisfaits, ce qui suffit à rendre vains et l’éloignement et l’oubli.»
 
Maurice Blanchot, L'entretien infini
 
 

C'est ainsi que dans nos obscurités se raconte des histoires déroutantes qui se jouent de la matérialité à laquelle nous sommes soumis. Avec un peu d'entraînement, il est possible de voir en plein jour ce qui dans la nuit semble se cacher. C'est précisément là que se trouve le piège. Rien ne se cache et rien n'apparaît. Nous ne voyons que ce que nous voulons voir... et entendre... 

 


– Que vient faire ici Pinocchio l’Autre?
– Il ne vient pas… c’est ici qu’il vit…
– Je croyais…
– Croyez ce que vous voulez… l’histoire est un tout, non seulement difficile à circonscrire…
– Mais?
– Difficile à dire imaginer.




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