lundi 23 septembre 2024


Je savais qu'Efimov, manipulé comme une marionnette par une main venue d'un autre monde, n'était pas un imposteur, que l'imposteur, c'était l'autre, le «grand», le «regardant», le parfait-violoniste-moscovite, célèbre dans le monde entier, qui avait joué devant les têtes couronnées, à Paris et à Vienne, et qui avait daigné à la fin de sa carrière se rendre au fin fond de la Russie pour réjouir ces barbares de la grâce et de la noblesse de son art. Un art selon les règles, selon les canons respectés depuis des siècles, une musique parfaite, évidemment, mais humaine. Et son caractère humain était justement la monnaie d'échange qui fonctionnait partout, dans les palais et les chaumières, car il est si agréable de sentir le poids d'une pièce de monnaie dans le creux de sa main.
Alors que l'art inhumain, désordonné, qui ne prend en compte ni le fonctionnement de l'oreille humaine ni celui du violon, qui ne connaît pas de limite dans le mouvement des doigts sur les cordes, l'art venu d'un autre monde et descendu par magie dans le corps d'Efimov applique au creux de la main le tranchant d'une lame de canif, elle l'entaille sur la ligne de vie et tu en portes ensuite, et pour toujours, la cicatrice.»

Mircea Cărtărescu, Solénoïde, Points, p.65



Loin de là, l'indicible objet de leurs recherches se cherche lui-même...
"Où ai-je été ? où suis-je ? Le beau jour !... Je suis étrangement abusé... Mais je mourrais de pitié à voir un autre ainsi... Je ne sais que dire... Je ne saurais jurer que ce"*... soit là le centre de mon être profond... Je sais qu'il ne s'agit là que de mots perdus, abandonnés par leurs sens et dont la part de vérité qu'ils transportent se transforme indéfiniment...
 
Chanson

"...Au loin l’étoile brille
Je marcherais plus loin
Que la trace éphémère
D’un oiseau qui s’en va
Où va la roue du temps..."


L'âne, d'instinct sait que jamais
il ne pourra devenir maître de lui même
sans devoir renoncer à sa nature sauvage,
devenant ainsi l'image même de celui qu'il abhorre
Lidane Liwl
Édition "Le temps s'est fait mère"
*Le roi Lear

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