samedi 28 septembre 2024

 
« Ma terreur est toujours venue du fait que nous ne savons pas comment est le monde, que nous ne connaissons que son visage éclairé par les sens. Nous connaissons le monde construit par les sens dans notre tête, comme on construirait la maquette d'une maison sous une cloche de verre. Mais le monde énorme, le monde comme il est en réalité, celui que des millions de sens déployés comme des anémones de mer dans le flux incessant de l'océan ne pourraient même décrire, se trouve tout autour de nous et nous broie dans son étreinte, os après os. Je devais avoir douze ans quand ma peur du monde est devenue aiguë et claire. J'ai compris alors pour la première fois que les mâchoires, les dents, les griffes, les serres, les dards de ces monstres sauvages, que le fantasme du dépeçage de mon corps si fragile, n'étaient en rien la source de mon inquiétude continue, mais que c'était le vide, le rien, l'invisible.»

Mircea Cartarescu, Solénoïde, Points, p.88

  
 


Carnet de l’Enfant Lune
Troisième page
 
J’étais devenu un nouveau Sisyphe, condamné à rouler sans cesse mon corps jusqu'au sommet de ma tête d'où il retombait par son propre poids entraînant la tête dans sa chute. Qui pouvait avoir pensé et avec quel raison qu'il n'est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir…

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