dimanche 20 septembre 2015

20 septembre (38) Un couvre-chef et de délicates substances

Épisode 38


Cher Joachim 

Je ne crois pas que  je vous aie raconté l'entier de l'histoire. Ma mémoire comporte un certain nombre de lacune que, malgré les efforts constant que je produis, je puisse combler. Ainsi je ne me souviens pas du moment exact de votre départ. Toujours est-il que l'évolution de notre homme fut plus surprenante que nous ne le pensions jusqu'alors. Tout-à-fait par hasard j'ai reçu, peu avant le moment ou moi-même je suis parti, un certain nombre de documents qui je vous l'avoue m'ont surpris au plus haut point. Une partie de ces documents ont été rédigé par celui qui a fini par être appel le "Fou du Roi". Il est évident qu'à la lecture de ces feuillets presque tout ce que nous avions envisagé s'est transformé... C'est le moins que l'on puisse dire... Vous jugerez sur pièces...


– Monseigneur, j'ai fait diligence et voici sur ce couvert les délicates substances que vous m'avez commandé.
 

– Vous-même, vous êtes-vous couvert pour cette fois-ci?
Il me semble que votre voix cristalline n'est guère transformée par le filtre du voile et qu'ainsi je puis déduire que vous pourriez ne pas être voilé.

  Roi Bienaimé, je vous prie d'être indulgent, croyez-vous qu'il soit pratique de se déplacer rampant sous la couverture sans cesse en proie à l'inquiétude de s'y prendre les pieds et de vous faire le déshonneur de m'étaler médiocrement devant vous comme il m'est arrivé tout-à-l'heure. Mais soyez rassuré, autant que je le puis, je cache à mon regard ce qui ne doit point se voir.

– Ne relâchez pas votre effort et venez avec prudence et sans un regard me livrer ce que nous attendons.

– Il en sera fait selon votre volonté...

– Monsieur, arrêtez-vous, j'apprends à l'instant que vous seriez un fieffé coquin. Il me semble que j'avais fortement manifesté le désir de vous savoir décoiffé de ce couvre-chef délirant. 

– Vous avez raison, Monseigneur, et pourtant vous avez tort.

 
Quelle est cette embrouille ? Est-ce là un nouveau jeu de mots auquel je n'entends rien ?


– Non Monseigneur, cela y ressemble mais cela n'est point.

 
– Expliquez-vous !


– Je suis simplement décoiffé, Monseigneur. J'ai depuis si longtemps le devoir de vous obéir et ainsi porter cette coiffe qui maintenant vous dérange que ma chevelure s'y est adaptée. J'ai beau faire l'effort de lui faire violence elle n'obéit pas et retrouve en peu de temps la forme à laquelle nous l'y avons contraint. Et pour ma part je ne suis même pas débarrassé des clochettes.
Au moindre de mes mouvement elles se mettent à tinter dans les espaces secrets de mes boyaux, ce qui va me rendre fou et fait que je ne trouve guère le repos.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Joachim,
Savoir enlever son voile peut être l'œuvre d'une vie. Faut-il en avoir conscience avant de tenter d'être soi? L'homme en marche, cherche, fait du chemin. Il peut même courir en montagne pendant des heures à la recherche de lui même, alors que la réponse est dans la combinaison simultanée de ses actes, de son cœur et de ses pensées. Soyez vous même, c'est libérateur. En voilà une bonne résolution ! Un conseil, pour que cela fonctionne, il ne faut pas tergiverser et l'appliquer immédiatement sans remettre au lendemain! Quel sera le plaisir d'être libre ? Sans doute immense. Il pourra le mesurer dans le regard de ses frères. Une fois que l'autre aura compris alors lui aussi, il ne verra plus dans ces actes de liberté une forme d'impertinence mais uniquement lui même dans un jeu de miroir enivrant. En attendant, ce midi j'ai juste envie de terminer sur ceci: https://www.youtube.com/watch?v=mc8ZSRJsoD8

Bon voyage.
PSB