lundi 21 septembre 2015

21 septembre (39) Pour acquérir pleine connaissance

Épisode 39

Cher Joachim

Je vous remercie de votre nouvelle lettre. Je respecterai votre souhait, elle ne paraîtra point aux yeux de tous, même s'ils ne sont qu'une toute petite poignée. Si je m'en tiens au sujet que vous aimeriez que je traite– ma disparition–  je répondrais cela:
Il y a au fond de nous une immensité dans laquelle nous ne discernons que ce que nous croyons connaître. Dans cet immensité, comme un double du monde extérieur, se livrent des combats inégaux desquels nous ne sortons pas indemnes. C'est pour cette raison qu'un jour j'ai décidé de disparaître à vos yeux...
De plus, je crois que j'aimerai mieux comprendre ce qui s'est réellement passé, c'est pourquoi je me remémore cette histoire qui, j'en suis presque sûr, vous agace un peu et qui moi m'amuse...


– Monseigneur, j'ai fait diligence et voici sur ce couvert
les délicates substances que vous m'avez commandé.

– Cher et excellent Maître que j'adore et que je vénère, je vous propose ces quelques globes qu'il vous faudra ingérer à votre bon plaisir pour acquérir pleine connaissance à peu de frais et avec grande économie de temps. Si vous n'êtes pas satisfait, je m'engage à changer leur composition en profitant des observations qu'il vous paraîtra juste de me communiquer. Vous ferez ainsi une suite d'expériences inoubliables dont le mérite sera prouvé par les résultats. Quant à moi je vous garantis que la recette dont je vais donner l'idée et l'usage vous transportera au-delà de ce que vous pourriez concevoir de plus beau et satisfera tout autant votre compagnie, si ce n'est plus que vous-même... Il me semble, si je puis me permettre... enfin quelque chose me dit que vous seriez légèrement... comment dire... moins grand. Se pourrait-il que vous soyez souffrant mon Bon Seigneur ? Dans ce cas il est urgent que vous preniez soin de vous et que vous vous nourrissiez de ce que...


– Je ne suis point souffrant, serviteur loquace, loin s'en faut et l'on prend bien soin de moi.
Croyez le bien. Mais dites-moi d'abord quel est ce compagnon que vous avez introduit et qui n'eut dû, pas plus que vous même apparaître ici sans voile ? 
Et puis il me semble aussi, puisque vous vous autorisez quelque remarque personnelle, que votre bosse, selon l'écho qui me parvient, grandirait sensiblement...

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