lundi 28 septembre 2015

28 septembre (45) Rien ne limite l'horizon

Épisode 45

Cher Joachim

Nous pourrions penser que la vue d'un aveugle est d'une monotonie infinie. Autrefois comme aujourd'hui, nous nous imaginions un paysage somptueux au-delà de tout ce qui nous était connu et dire que ce n'était pas imaginable était un contresens. Le premier d'une longue série. Un ciel gris et nu obscurcissait notre regard, certes, mais l'image est trompeuse, vous devriez le savoir. Sous un ciel si bleu un spectacle vous apparait durant des heures, des jours entiers, des mois jusqu'à votre dernier souffle sans que jamais le moindre doute vous effleure à propos de sa vraie nature. Ce qui est un second contresens. Vos yeux de voyageur parcourent les immensités de notre planète en croyant voir ce qu'en réalité ils produisent d'eux-mêmes. J'arrête là le décompte... La matière avec laquelle ces images sont faites est la même pour tout le monde. Elle l'est aussi pour moi. Simplement, nous la recomposons de manières différentes. Devant vous, derrière vous, autour de vous, aussi loin que porte votre regard, dans ce monde merveilleux ou nous sommes enfermés, pour moi, rien ne limite l'horizon. Mais tout près de moi, en travers de mes pieds se dressent ce qui me fera tomber et que je ne saurais voir. Mais il me semble, du point de vue où je suis aujourd'hui, que tout pourrait être interprété différemment. C'est certainement le privilège des anciens que très vite nous sommes devenus... au point que... pour ce qui est du présent... nous ne soyons déjà plus... Mais laissons cela.




 Ainsi en était-il aussi de notre Roi...
Que voyait-t’il dans les méandres de son cerveau?
Je ne peux évidemment pas le deviner...


Sans Nom, non sans mal, prépare celui qui fut une sorte de Roi
– Donnez-moi votre main, Monsieur. Il faut que désormais je vous appelle ainsi, pour ne point éveiller de soupçons. Il va falloir, "comme tout un chacun", vous résoudre à arpenter le monde et surtout y vivre. D'une main légère, attentive et réactive, mettez votre bâton par devant vous, balayez à gauche et à droite en veillant à ne point me frapper ou m'écraser. Écoutez ce qu'il vous transmet et en peu de temps vous saurez de vous-même imaginer ce qu'il rencontre.


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