jeudi 31 août 2023

De la multitude a l’unique

 

« Le Dieu inconnaissable se montre de façon connaissable par le monde, dans le miroir ou en énigme.»*

Damon, subitement a disparu. Conformément au fait qu'il est un daemon et à sa nature de pur esprit, si sa voix se fait toujours entendre bien qu’épisodiquement, sa présence physique se fait nettement sentir, aucun doute n'est possible… Cependant Platon le Petit ne peut se résoudre à parler avec cette absence...


– Imaginez, cher Damon… m’entendez-vous… que penserait quelqu'un qui me verrait dans cette inconfortable situation?

– Il penserait certainement que vous êtes en train de parler avec vous-même et ce ne serait pas bien grave. Vous n'imaginez peut-être pas combien cela est fréquent...

– Il se peut que vous avez un peu raison, mais revenons à mon père et au père de notre maître. Comme vous le comprendrez, il existe de nombreuses similitudes entre eux et nous, mais on peut aussi dire que les différences étaient bien plus nombreuses encore..

– Dites-moi lesquelles... 

– Pour commencer, la plus grande des différences entre eux et nous, c'est que le père de Platon l'Ancien, aussi... confus et brouillon et autoritaire qu'il fut la plupart du temps, connaissait le passage pour accéder au grand cube.

– Vous lui reconnaitriez donc certaines qualités...

– Assurément...

– Vous dites "assurément", mais vous laissez planez trois ponts de suspension...

– Trois ponts de suspension... Joli lapsus...Tout, constamment reste en suspension... Tout comme la fumée reste en suspension, pendant un certain temps, bien après que le feu ait disparu, et continue son voyage en restant visible de loin en loin, quelquefois bien au-delà des lieux où la lumière du feu ne fut visible.



Ainsi le père de Platon l'Ancien:  Le très Ancien, du fait de sa connaissance des passages se faisait appeler le Pontissime... puis plus tard: le très Pontissimable, puis encore, l'Éminentissime Pontife, mais c'est une autre histoire. Dans l'histoire qui nous occupe, ayant emmené son fils, Platon l'Ancien, après l'avoir fait quitter la terre en l’emmenant sur l'eau, au grand péril des airs de la mer et traverser le feu pour accéder au pont qu'il connaissait. Tout cela avec grande facilité. Comme vous pouvez vous en douter, il en alla tout autrement pour son fils...



* Nicolas de Cues, "Trialogus de possest" 

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