jeudi 17 août 2023

En attente

 

« Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous,nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité. » * 


Comme un miroir peut nous donner une certaine idée de la simplicité du monde, l'image qu'il reflète dit le contraire.


– Ce que nous voyons n'est plus ce qui a été mais ce qui est maintenant... 

Traversé par le désir de rendre l'admiration qu'il portait à son maître, Platon le Petit grandit. Non pas que son cœur et son corps se mettent à prendre de la place, bien au contraire...

– Prendre le moins de place possible et faire en sorte de refléter… Uniquement refléter…

– Comme un miroir?

– C'est cela même... 

– Si le ciel en nous se contemple, se pourrait-il que nous aussi... Mais peut-être est-ce trop demander ? 

– Point du tout, nous sommes, qui que nous soyons, une sorte de miroir sur lequel ce que nous appelons l'éternité, pour un bref instant, aura jeté un œil.

– Ma question n'était peut-être pas aussi simpliste que je ne l'avais pensé?

– Qui vous dit que cette pensée était de votre propre volonté?

– J'ai, malgré vous et malgré moi, quelque espoir d'avoir un jour...

Avant  d'avoir fini sa phrase Platon le Petit s'était tu brusquement et son regard dans le ciel, tristement, comme sous de funestes auspices, s'était perdu. 
Il lui arrivait de voir, comme un longue route, heureux auspice cette fois, de longs nuages violets s'étirer langoureusement dans un ciel qu'il se figurait abandonné. Il se souvenait avec nostalgie, dévorant à pleine dent, jeune et fou avant qu'en un instant sans transition il ne se retrouve "en attente" comme l'animal du sacrifice... 


 * Épicure, Lettre à Ménécée


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